Les Argentins élisent dimanche leur président pour un mandat de quatre ans. Les sondages ne parviennent pas à départager les deux finalistes, le candidat libertarien Javier Milei, et le ministre de l'Economie, le péroniste Sergio Massa. Mais le pape François a indirectement pris part à la campagne électorale.
Dernière allusion supposée du pape François à l’élection présidentielle en Argentine, cet interview qu’il a accordé au mois d’octobre à TELAM, l'agence de presse nationale argentine. Dans cet entretien, le pape met en garde contre “les dangers des clowns messianiques”. Référence à peine voilée au candidat populiste Javier Milei. Agé de 52 ans, économiste de formation et professeur, Javier Milei est un admirateur de Donald Trump et Jaïr Bolsonaro et on ne peut pas dire qu’il porte dans son coeur le pape François.. qu’il aura critiqué haut et fort pendant cette campagne. "Il a clairement accusé le pape de promouvoir le communisme et il menace, une fois élu, de rompre les relations avec le Vatican" rappelle Pierre de Charentenay, jésuite, spécialiste de l’Argentine.
Son adversaire, Sergio Massa, le candidat péroniste, s'est d'ailleurs insurgé contre une éventuelle rupture des relations entre l'Argentine et le St Siège. Mais ce dernier n'est pas pas non plus en très bon terme avec le pape. Lorsqu'il était directeur de cabinet de l'ancien président Nestor Kirchtener, qui ne s'entendait pas avec le cardinal Bergolio alors, Sergio Massa n'a pas favorisé leurs relations et ça le pape ne l'a pas oublié"
Si le pape François et Sergio Massa ne s’apprécient pas particulièrement, le pape n’a jamais caché sa proximité avec le péronisme, ce courant né en 1945 en Argentine avec le premier gouvernement du général Juan Domingo Perón.
Pour Pierre de Charentenay, "C'est un régime nationaliste anti communiste favorable au christianisme. Le péronisme a permis une unité nationale en Argentine. Le pape est sensible à cela. On le voit dans ces textes comme Fratelli Tutti. Le pape fait référence aux éléments du péronisme comme par exemple l'amitié sociale. Le pape est de culture péroniste même s'il n'a jamais eu de lien avec le parti."
Le pape François voudrait retourner en Argentine. Il n’a pas foulé le sol de sa terre natale depuis son élection à la tête de l’Eglise catholique il y a dix ans. Ce déplacement pourrait bien se faire en 2024. Mais la probabilité que ce voyage se réalise dépend aussi du vainqueur de l’élection présidentielle de dimanche. "C'est un élément qui va peser dans l'élection. Pierre de Charentenay en est convaincu. "Pour les argentins, le pape est un homme extraordinaire. Il n'est pas venu pendant 10 ans car il craignait que ça perturbe la scène politique nationale. Mais si c'est Sergio Massa qui est élu dimanche, il est probable qu'il fasse le voyage"
En attendant le résultat de l’élection présidentielle, à Rome on commence à dessiner les contours de ce voyage. Le Pape François ferait étape à Buenos Aires, la capitale, à Cordoba et à Santiago del Estero, où il pourrait canoniser Maria Antonia de Saint-Joseph, une religieuse argentine figure de la spiritualité ignatienne du XVIIIe siècle.
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