Kant est né un 22 avril, en 1724, à Königsberg. Une ville massivement bombardée durant la Seconde Guerre Mondiale, et qui fut, un temps, une cité modèle soviétique, sous le règne de Staline, qui lui imposa des immeubles gris, béton, « maison des Soviets » et zones industrielles. Mais, à l’époque de Kant, c’était encore une ville tranquille.
Kant est un grand philosophe, car il a tout réformé et tout repensé. Il a opéré une critique en règle de la philosophie, de son mode de fonctionnement et de ses certitudes. Mais ce pourquoi, à mon sens, il est grand, c’est l’audace de ses thèses morales, leur radicalité.
Archi radical : la morale, pour lui, ne doit admettre aucune concession : on est moral ou on ne l’est pas, il n’y a pas de degré. Une action est bonne ou mauvaise, et non pas plus ou moins bonne, ou plus ou moins mauvaise. La seule chose qui fait la bonté de nos actes, c’est le fait de les accomplir sans aucune autre considération que ce qui est bien : on ne fait pas le bien dans l’espoir d’une récompense, par intérêt, parce qu’on nous regarde, parce qu’on a peur d’être pris.
On ne fait pas même le bien par sentiment, par sympathie, par empathie ou par bienveillance. Tout cela, la sympathie, l’empathie, la pitié, ne suffisent pas à fonder une morale. Il faut bien plus que des sentiments pour agir moralement. Car les sentiments fluctuent, naissent, vivent, triomphent puis s’effacent, disparaissent et meurent. Car les sentiments ont la vue courte : ils se portent vers ce qui nous ressemblent, cercles d’amis, de famille, de voisins.
Les sentiments ont un esprit de club : ils préfèrent ceux qui sont membres, ceux qui nous sont proches. Pour les sentiments, et même pour ceux qui sont à la mode, l’empathie et la bienveillance, pour les sentiments, tout le monde n’est pas mon prochain. Or, la morale exige de faire le bien même lorsqu’il n’est pas question d’un proche, d’un ami, de quelqu’un que l’on trouve beau ou gentil.
Le bien, c’est ce que je dois faire quelles que soient les circonstances, quel qu’en soit le prix. C’est cela qui fait que Kant est grand, c’est cela qui fait qu’il est sans doute le plus grand parmi les grands philosophes.
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