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En attendant le premier ministre, la crise écologique continue

Un article rédigé par Stéphanie Gallet - RCF, le 4 septembre 2024 - Modifié le 4 septembre 2024
Je pense donc j'agisDécryptage de l'actualité de l'écologie - été 2024

Sans véritable gouvernement, la France traverse une période très délicate. A l’aune de l'urgence écologique et de l'urgence sociale, cette absence de pilote et de cap n’est pas sans conséquences. Dans l'émission Je pense donc j’agis les journalistes Marine  Lamoureux (La Croix) et Anne-Sophie Novel et le militant écologiste François Mandil interrogent la situation au micro de Stéphanie Gallet et Melchior Gormand.
 

Emmanuel Macron publie une lettre aux Français dans la presse régionale. Crédit photo : Serge Tenani / Hans LucasEmmanuel Macron publie une lettre aux Français dans la presse régionale. Crédit photo : Serge Tenani / Hans Lucas

Depuis le 16 juillet, le gouvernement démissionnaire est chargé d’expédier les affaires courantes, avec un premier ministre désormais élu à l’Assemblée Nationale et un président qui semble ne pas se résoudre à nommer un chef de gouvernement. Le dénouement de cette crise inédite semble proche mais rien ne nous garantit que le prochain gouvernement restera plus de quinze jours. Et pendant ce temps, la vie continue, le climat se réchauffe, la biodiversité s’effondre et les inégalités se creusent.

Au cœur de la crise politique, la transition écologique n'est plus une priorité nationale.

Pour François Mandil, “c’est un gouvernement démissionnaire mais qui prend des décisions politiques alors qu'ils ne devraient gérer que les affaires courantes. On a la sensation qu'ils sont hors de contrôle.” Ainsi pendant l’été, la répression contre les mobilisations écologiques, que ce soit l'A69 ou autour des méga-bassines, a été maintenue alors que le Nouveau Front Populaire, arrivé en tête aux élections est plutôt favorable à l'arrêt de ces grands projets d'aménagement.

Le budget en ligne de mire.

Le projet de loi de finance qui définit les dépenses et les recettes de l'État doit être adopté avant le 31décembre. Et chacun de s'inquiéter de cette échéance budgétaire et du délai très court qu'il reste pour le préparer. 
Sur cette question, le gouvernement démissionnaire est à la tâche “alors qu'ils n'ont plus de légitimité” poursuit François Mandil pour qui ce budget risque d'obliger le futur gouvernement. Bruno Lemaire vient ainsi d'annoncer 16 milliards d'économies sur le budget. Et Marine Lamoureux, de redouter que comme à chaque fois les arbitrages soient défavorables à l'écologie. Évidemment, “tous les sujets comptent (la défense, l'éducation …) mais l'écologie, poursuit-elle, devient le sujet du siècle pour lequel on a besoin de vision.

L'écologie sacrifiée ? 

On a appris le 28 août dernier grâce aux révélations du média en ligne Contexte que le Fond vert passera de deux milliards et demi d'euros à un milliard rappelle Anne-Sophie Novel et cela “réduira encore plus les marges de manœuvres des municipalités qui doivent pouvoir investir à long terme dans la rénovation thermique par exemple.” 
Avant la dissolution de l'Assemblée Nationale continue-t-elle “on attendait la dernière version du Plan national d'adaptation au changement climatique, on en a jamais vu la couleur et ça bloque un certain nombre de choses.


L'avancée de l'écologie ne se fera pas sans changement dans notre démocratie 


De façon plus profonde, cette crise des institutions révèle la faillite de notre système politique. Et si on attend la nomination d’un premier ministre, personne ne sait combien de temps il pourra résister à une motion de censure à l’Assemblée Nationale. “ On part pour un à trois ans de chaos politique”, analyse Anne-Sophie Novel et de conclure ”il va falloir questionner profondément la nature de notre démocratie.”
L'environnement pourrait pourtant être une opportunité exceptionnelle pour répondre aux crises et particulièrement à la crise démocratique” explique Marine Lamoureux. “Ce pourrait être l'occasion de renouer avec les mobilisations collectives, de penser de nouvelles manières de faire de la politique, d'interroger les citoyens à la manière des conventions citoyennes qui sont une une innovation essentielle pour la démocratie.” Et Anne-Sophie Novel de poursuivre, “quand on informe bien les citoyens, quand on leur donne les moyens de s'approprier un sujet, ils formulent souvent des solutions beaucoup plus courageuses politiquement car il n'y a pas d'enjeux de réélection.” Il est donc vraiment possible d'envisager d'autres façons de gouverner et de piloter la décision publique. Face au sentiment d’être dépossédé de la décision politique que partagent beaucoup de français, l’engagement et particulièrement à l’échelon local semble être la solution. Pour François Mandil, “c’est en s’engageant dans la vie collective et en cultivant le lien social qu'on peut espérer avancer vers une nouvelle organisation politique.” Partout ailleurs en Europe, les systèmes politiques fonctionnent beaucoup plus sur le consensus et avec des majorités de projets alors pourquoi pas en France ? 


 

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