En Birmanie, les exactions commises contre les chrétiens ont franchi un nouveau palier ces derniers mois. Le 15 janvier dernier, l’église Notre-Dame de l’Assomption, située dans le village chrétien de Chan Thar, au centre du pays, a été incendiée.
"Cette destruction volontaire par les militaires est un signe très fort de dire à l’Église : taisez-vous, vous êtes sous notre botte", explique Benoît de Blanpré, le directeur de l’Aide à l’Église en détresse (AED). Il rappelle que l’église Notre-Dame de l’Assomption était "un lieu emblématique, un lieu historique, un des plus anciens lieux de culte pour les chrétiens".
Villages brûlés ou rasés, enlèvements, déplacements de population… La junte militaire au pouvoir accroît la répression depuis quelques mois. "Les chrétiens, aux côtés de l’ensemble de la population sont opprimés, au sens strict du terme." Le directeur de l’AED décrit "une chape de plomb" qui s’est abattue sur le pays.
En février 2021, le gouvernement d’Aung San Suu Kyi a été renversé par un coup d’État militaire. "Le pays était à nouveau, depuis quelques années, sur la voie de la paix et de la réconciliation et de la démocratie, et puis, de manière soudaine, tout d’un coup un matin la junte a repris le pouvoir." Le 30 décembre dernier, le procès d’Aung San Suu Kyi s’est achevé. L’ancienne dirigeante a été condamnée à sept ans de prison mais elle risque 33 ans d’emprisonnement.
Aung San Suu Kyi a toutefois laissé une trace dans l’esprit de ses concitoyens, estime Benoît de Blanpré. "Elle a dit aux Birmans qu’il fallait résister et que la résistance n’était jamais inutile et qu’elle pouvait toujours porter du fruit… Je pense qu’elle a mis dans leurs cœurs la volonté de résister à l’oppression. Au fond, les chrétiens birmans et l’ensemble de la population se souviennent de ce qu’Aung San Suu Kyi a fait et ils ont désormais une volonté de résistance. Ils ne se laisseront pas faire."
On se souvient, il y a deux ans, de cette image qui avait fait le tour du monde où l’on voyait une religieuse à genoux devant des policiers armés, les suppliant de ne pas s’en prendre aux manifestants. Une photo symbole de cet esprit de résistance désormais ancré dans le cœur d’un peuple opprimé.
Les chrétiens, qui représentent 8% de la population, "ne veulent plus se laisser faire", observe Benoît de Blanpré. Certains font partie des mouvements de rébellion. "Les chrétiens, ils ne croient plus aux promesses de la junte militaire, qui dit qu’il y aura du dialogue, qu’il pourrait y avoir des élections…" Et malgré l’oppression, "les chrétiens ne lâchent pas, ils veulent rester sur place, ce pays est leur pays, ils soutiennent la population dans son projet de résister à la junte militaire".
De son côté, l’Église catholique dénonce ouvertement la prise de pouvoir autoritaire par la junte militaire. "Et ça, la junte ne le supporte pas, souligne le directeur de l'AED, l’Église est l’ennemie de la junte militaire, qui chercher à la bâillonner à la faire taire et qui la persécute parce qu’elle représente une menace dans le triste projet de la junte militaire." L’Église se veut être un "lieu du dialogue, de la rencontre, de la paix". Depuis deux ans, le pape François lance régulièrement des appels à la paix pour la Birmanie, pays dans lequel il s’est rendu en 2017. Le 22 janvier dernier, il a appelé à prier spécialement pour la "population civile sans défense" de la Birmanie.
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