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En cinq ans de pontificat, le pape François a engagé une véritable réforme de l'Eglise

RCF, le 13 mars 2018 - Modifié le 5 septembre 2024

Retour sur les cinq premières années du pontificat du pape François avec l’envoyé permanent du quotidien La Croix à Rome, Nicolas Senèze.

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Le journaliste se rappelle de l’élection du pape François. "Je n’étais pas à Rome, j’étais à la rédaction de La Croix. Mais je me souviens très bien du silence. Le pape François avait réussi à faire taire une place Saint-Pierre débordante de monde. Il était en train de se passer quelque chose" remémore Nicolas Senèze, journaliste du quotidien La Croix, à Rome.
 

Le pape François "s'est donné des échéances"

Une journée anniversaire certes, mais une journée totalement normale au Vatican. "Le pape François n’a jamais été un grand fan des anniversaires, que ce soit le sien, celui de son pontificat. C’est une journée qui se présente de manière tout à fait normale. C’est un mardi, donc c’est le jour habituel de repos du pape. En général, il n’a pas d’audience particulière. Il ne reçoit personne officiellement. Il a des rendez-vous de travail mais c’est une journée plutôt calme" explique le journaliste.

Cinq ans après son élection, et aujourd’hui âgé de 81 ans, "c’est quelqu’un qui va bien pour son âge. Il est fatigué, on l’a vu au voyage en Amérique du Sud. Mais en même temps j’espère avoir la forme qu’il a quand j’aurai 81 ans si Dieu me prête vie jusque-là. Après son élection, il avait dit avoir l’intuition que son pontificat serait plutôt court, quatre ou cinq ans. On est à cette date des cinq ans. Or on sent qu’il peut continuer, qu’il veut sans doute continuer. Il s’est donné des échéances avec le synode pour les jeunes, les JMJ, le synode sur l’Amazonie auquel il tient beaucoup et qu’il a convoqué en octobre 2019".
 

"Il a fait énormément de choses"

Il y a cinq ans, le cardinal Bergoglio était convoqué par ses pairs pour réformer la Curie. Cinq ans après, "il a fait énormément de choses. J’ai essayé de lister dans La Croix l’ensemble des textes de réformes qu’il a mises en place. Je n’ai pas eu assez de place. Un énorme chantier a été fait que ce soit sur les finances du Vatican, sur la communication vaticane. Il a aussi réformé un certain nombre de dicastères, en créant un dicastère pour le développement humain, la famille, les laïcs. La réforme qu’il entend faire n’est pas simplement une réforme interne à la Curie, mais plus largement une réforme de l’Église".

Pour cet imposant travail de réforme, le pape François s’est entouré d’un conseil de neuf cardinaux qui viennent de tous les continents. "Ces cardinaux ont vraiment fait une revue générale de politique publique. Ils sont allés voir chacun des dicastères, pour regarder comment ils travaillaient, observer les effets, écouter les critiques qu’il pouvait y avoir pour essayer de voir à chaque fois comment on pouvait faire mieux" rappelle encore le journaliste.
 

"Le défi, c'est la durabilité"

L’un des grands défis auquel aura dû faire face le pape François, durant ces cinq ans de pontificat, c’est la lutte contre la pédophilie et les abus sexuels dans l’Église. Pour Nicolas Senèze, il s’agit d’un vrai "nœud de ce pontificat". "C’est le nœud car c’est la réforme qui résume toutes les difficultés auxquelles est confronté le pape François. L’idée de la réforme, c’est de mettre un frein à tout ce qui peut gêner l’évangélisation. Or les crimes pédophiles, les abus sexuels commis par des clercs sont quand même des choses qui gênent le plus l’Église dans son rapport au monde, à cause du scandale que cela représente. Pour traiter cela, l’Église est très embêtée. Il y a une volonté de centralisation du problème, or la réforme va plutôt dans le sens de la décentralisation. Il y a par ailleurs un certain esprit assez clérical qui règne au sein de la Curie romaine et qui est de dire que finalement, ces affaires-là, il ne faut pas trop en parler" analyse le journaliste.

Pour les cinq prochaines années, Nicolas Senèze se pose la question de la durée. "François le répète souvent. La réforme est un processus lent. Or il sait qu’il a 81 ans et que les cinq prochaines années sont peut-être le maximum de ce qu’il pourra vivre, et qu’il ne verra pas la fin de ce processus. Le défi, c’est la durabilité. C’est de faire en sorte que ses successeurs continuent le processus qui a été lancé" conclut Nicolas Senèze.

 

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