C’est un Noël particulier que s’apprêtent à vivre les chrétiens palestiniens cette année. Après plusieurs semaines de guerre et de bombardements sur Gaza, les chrétiens n’ont pas le cœur à la fête. Pourtant, ils veulent toujours garder espoir dans la paix. Un espoir renforcé par l’approche de Noël.
C’est sans doute dans la bande de Gaza, bombardée sans relâche depuis début octobre, que ce Noël s’annonce le plus dur. Un millier de chrétiens vivent (ou plutôt survivent) dans cette enclave. Parmi eux, 600, dont de nombreux enfants et personnes en situation de handicap, ont trouvé refuge dans la paroisse de la Sainte-Famille. Une paroisse endeuillée la semaine dernière par la mort d’une mère et sa fille, tuées par un sniper israélien alors qu’elles se trouvaient dans l’enceinte de la paroisse.
En plus d’être menacés par les bombardements, un autre drame guette les Gazaouis à l’approche de Noël : la famine. « Les réserves de nourritures, d’eau et de médicaments sont très limitées », raconte Bernard Thibaud, le directeur de la Maison d'Abraham, la maison du Secours catholique à Jérusalem. « Ils seront épuisés d’ici quelques jours si aucune livraison ne se fait », prévient celui qui a pu s’entretenir récemment avec le curé de Gaza.
Un message d’alerte également relayé par les Nations Unies, mais entendu à moitié par les puissances internationales. Après plusieurs reports, le Conseil de sécurité de l’ONU a voté ce vendredi 22 décembre, pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire, mais pas pour un cessez-le-feu.
Face à cet immobilisme – dû en grande partie aux vetos des Etats-Unis qui défendent Israël – plusieurs voix s’élèvent pour réclamer un cessez-le-feu ou à minima une « trêve de Noël ». C’est le cas de l’Aide à l’Eglise en détresse (AED) qui s’inquiète du sort des chrétiens de Gaza et de Palestine.
« Les gens sont fatigués, ils ne comprennent pas pourquoi il y a un tel déferlement de violence sur eux. Ils ont vraiment besoin de cette trêve de Noël », martèle Thomas Oswald, du service information de l’AED. Il insiste : « c’est normal que la Terre Sainte porte le deuil de ce qu’il se passe, mais ce serait vraiment dommage qu’il n’y ait pas de moment de paix sur la terre où Jésus est né ».
Jésus, c’est en lui que les chrétiens palestiniens placent tous leurs espoirs, d’autant plus à l’approche de Noël. « Cette année, nous ne pouvons pas célébrer Noël dans la joie, parce que nous voyons notre peuple en train de mourir, nous avons la tristesse dans la cœur », souffle Juwana, professeure de français à Ramallah. Et d’ajouter : « pourtant, nous espérons que la paix règnera sur la Palestine et la Terre Sainte, avec la naissance de l’Enfant de paix dans la ville de Bethléem ».
Une ville de Bethléem bien triste cette année puisque, comme dans toutes les grandes villes de Cisjordanie, « toutes les célébrations de Noël sont annulées », commente Juwana. Dans les rues, aucune illumination, aucun sapin et aucun marché de Noël. « Tous les aspects de joie sont annulés », regrette la jeune femme, qui ne pourra pas se rendre à Jérusalem pour célébrer Noël avec sa famille, comme elle le fait d’habitude. « Cette année, c’est encore plus difficile d’aller d’une ville à une autre », explique-t-elle.
De part et d’autres de la Palestine, seules les messes de Noël sont maintenues. Dans les églises, les prières s’intensifient pour demander la paix en Terre Sainte. Juwana appelle d’ailleurs les chrétiens d’Occident à s’unir avec les Palestiniens dans la prière et à continuer à soutenir leur présence à Gaza et partout en Palestine.
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