En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Ne jugez pas,
pour ne pas être jugés ;
de la manière dont vous jugez,
vous serez jugés ;
de la mesure dont vous mesurez,
on vous mesurera.
Quoi ! tu regardes la paille dans l’œil de ton frère ;
et la poutre qui est dans ton œil,
tu ne la remarques pas ?
Ou encore : Comment vas- tu dire à ton frère :
“Laisse- moi enlever la paille de ton œil”,
alors qu’il y a une poutre dans ton œil à toi ?
Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ;
alors tu verras clair
pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère. »
Source : AELF
La première lecture proposée en ce jour (Gn 12 ; 1-9) n’est pas étrangère à la compréhension de la demande de Jésus : « ne jugez pas et vous ne serez pas jugés ».
Le Seigneur dit à Abraham : « quitte ton pays, ta parenté et va vers le pays que je te montrerai ».
Abraham, nous est-il rappelé, a 75 ans. Il ne discute pas, il ne juge pas le bienfondé de la demande de Yawé. Il se met en route sans se dire, il est trop tard. Sa confiance est trace d’une liberté intérieure.
Ce qui trop souvent nous paralyse, c’est le jugement des autres, l’amour-propre qui colle à notre moi préfabriqué ne laissant pas de place, ou si peu, à l’amour qui, seul, transforme et transfigure les relations.
« Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés ».
L’Evangile est un éclat de liberté, un éclat de lumière. Tous, ce matin, avons une mission, la même, se traduisant par des approches différentes, nous invitant à la Source de la vérité à se libérer pour devenir des femmes et des hommes libres. Rappelons-nous l’adage : « tout ce qui ferme fermente ».
Au diable les jugements, les qu’en dira-t-on qui rendent captifs !
Terrifiantes, ces condamnations sur l’autre ! Que de pendaisons sans se demander s’il ne serait pas tant d’abolir cette peine mortifère qu’est la dureté des propos. Les mots créent des enfers.
Je n’exagère rien. Pensons ce matin à ces cimetières marins ayant englouti des frères dont le seul tort fut de quitter leur pays pour trouver un peu d’hospitalité et de fraternité.
Qui suis-je pour juger. L’interpellation du pape François a suscité un espace de surprise et de liberté pour témoigner à temps et à contretemps de la miséricorde au risque des sentences qui ne lui sont pas épargnées.
Où est le jugement de Dieu à l’égard de l’enfant prodigue ?. Un Dieu qui attend, qui espère jusqu’à se mettre à genoux devant l’homme, fût-il pécheur.
Où est le jugement du Christ face à Judas qui l’a trahi, à Pierre qui l’a renié ou à Jean qui s’est endormi au jardin de Gethsémani.
La fragilité, source de la pureté nous invite comme Abraham à quitter nos certitudes où, installés sans risque, nous jugeons facilement ceux que la vie blesse jusqu’à devoir prendre tous les risques pour rester en vie.
La compréhension de la fragilité est source d’humanité. Reconnaissons qu’elle nous manque pour avoir peur de l’amour ou du divin, ce qui est identique. Devant une telle perspective, nous reculons tant elle fait vaciller nos certitudes auxquelles nous sommes très attachés pour justifier nos raisons, nos jugements et par là même nos condamnations.
« Il suffit de peu pour que le soleil naisse sur un lit de feuilles jaunies. Là-bas dans les cendres des nuages, la fragilité du monde devient si précieuse que Dieu marche pieds nus pour ne point le briser. et quand nous reconnaissons enfin, ses pas, son dos s’est voûté dans les montagnes, et suis étonné de tant de clarté après son passage » (Jean –Luc Grasset).
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !