A 44 ans, Antoine Cornic, skipper basé à La Rochelle et ayant grandi à l'Île de Ré, participera ce dimanche 10 novembre à son premier Vendée Globe. Un rêve devenu réalité pour ce restaurateur, qui avait abandonné la voile. Entretien avec un premier participant atypique.
Au départ du Vendée Globe, le profil d'Antoine Cornic détonne. Âgé de 44 ans, le skipper a abandonné la voile et connu une première vie de restaurateur, avant de retourner à son premier amour en 2017. Soutenu par Human Immobilier, il s'élance des Sables-d'Olonne ce dimanche 10 novembre en IMOCA. Rencontre avec ce Rétais d'adoption, qui vit sur l'île depuis maintenant 25 ans.
RCF Charente-Maritime : Votre histoire avec le Vendée Globe ne date pas d'hier : en 2004, vous aviez déjà essayé de participer.
Antoine Cornic : J’ai fait ma première Mini Transat [une course transatlantique en solitaire] en 2001, c’est l’année où Yannick Bestaven gagne. Et toute cette génération, on rêvait de Vendée Globe. J’avais monté un projet, mais il a échoué : j’ai perdu mon partenaire en 2003 et je n’ai pas réussi à en retrouver un. C’est comme ça que je suis devenu restaurateur sur l’île de Ré, parce qu’il a fallu remplir le frigo.
Je me suis établi comme commerçant à plein temps, et après deux restaurants et une cave à vin, j’étais assez content de ce que j’avais fait. En 2017, la Mini Transat est revenue à La Rochelle et ma femme m’a dit d’aller me faire plaisir, donc je l’ai faite. Quand je suis rentré, je me suis dit qu’il me manquait, ce Vendée Globe, et que je voulais vraiment le faire.
C’est donc à ce moment-là que vous rejoignez le circuit IMOCA ?
C’est ça, après une grosse discussion avec mon pote qui est devenu armateur. On n’avait pas beaucoup de moyens, on a acheté un bateau qui était un petit peu une épave. On rentre donc dans le monde de l’IMOCA en 2020 et après presque cinq ans de travail, on est sur le ponton du Vendée Globe avec une certaine fierté, parce que cela a été long, cela a été dur. On a un vrai projet humain, que ce soit en termes d’équipe et surtout en termes de partenaire. On est très fiers d’être à quelques jours de prendre cette ligne de départ et d’arriver au bout de mon rêve.
Vous évoquez votre bateau, qui est le plus vieux en course sur le Vendée Globe. Pourquoi ce choix ?
C’est un bateau qui a été fait pour le Vendée en 2008, mais qui nous correspondait en termes de qualité de structure de coque. Les prototypes actuels ont beaucoup de problèmes structurels, avec des bateaux qu’on essaie de faire de plus en plus légers, qui tapent de plus en plus et qui cassent de plus en plus. On ne pouvait pas se le permettre, il a fallu adapter notre projet à nos problèmes humains et nos problèmes financiers. C'est pour ça qu’on a jeté notre dévolu sur ce bateau qui est un coffre-fort : il est très solide et il a peu de miles au compteur. On a jeté notre dévolu sur lui, et il nous le rend très bien.
Ce Vendée Globe, c’est quand-même un rêve d’enfant qui va s’accomplir, comment vous sentez-vous à l’approche du départ ?
Ecoutez, je me sens pas mal. En plus, on a une chance fantastique : la météo du départ va être calme, donc on va avoir le temps de se mettre en route et d’éviter de casser très vite des pièces sur le bateau. Ces Vendéens ont beaucoup de chance d’avoir le Vendée Globe et si la météo s’y met aussi, ils vont pouvoir avoir un très joli départ. Et le premier départ depuis trois ans qui sera à l’heure !
Est-ce qu'il y a tout de même un peu de tension ?
Je n’ai pas trop d’appréhension. Je suis quelqu’un qui adore passer du temps en solitaire, mais qui se prépare aussi à affronter cette épreuve, parce que trois mois tout seul, cela peut être un peu pesant. Emmagasiner beaucoup d’attentions, beaucoup d’amour avant le départ, cela va m’aider à passer ces premières semaines sur l’eau. Après, on sera dans le Sud et ce sera encore un autre débat.
Quels sont vos objectifs pour cette première participation ?
Le seul objectif, c’est de finir le tour. On a quand-même envoyé 600 personnes dans l’espace et il n’y a que 115 personnes qui ont fini le Vendée Globe. Cela remet l’église au centre du village, on s’aperçoit que cela reste une course ultime, que cela reste quelque chose de très dur. Surtout, pour un premier Vendée Globe, avoir des prétentions de faire quelque chose au niveau sportif… Ce n’est pas le bon objectif. Le seul objectif, c’est de finir le Vendée Globe, de passer un bon moment sur le tour et de remonter un projet pour 2028, plus sportif, et là avoir de vraies ambitions.
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