Depuis 2018, Blutopia lutte pour protéger les océans. A travers des documentaires, des campagnes de sensibilisation ou des livres de recettes soutenables, l'association basée à La Rochelle tente de mener des actions pour une meilleure préservation marine. Rencontre avec sa co-fondatrice, Malaury Morin.
Amoureux de l'océan et passionnés de plongée sous-marine, Malaury Morin et son compagnon Julien Challandes se lancent en 2018 dans l'aventure associative. Ils créent Blutopia, qui vise à l'origine à lutter contre la pollution plastique. Six ans plus tard, ils ont décidé de dédier le travail de l'association à la question de l'alimentation. Nous avons rencontré Malaury Morin dans les locaux de l'association.
RCF : Quelles sont les actions concrètes de l'association aujourd'hui ?
Malaury Morin : Aujourd'hui, on se concentre vraiment sur notre alimentation. On s'est rendus compte que le plastique n'était qu'un enjeu parmi tant d'autres ; si on regarde les cinq menaces qui pèsent le plus sur l'océan, elles sont toutes liées à notre alimentation. En grande partie à la surpêche, mais aussi à notre alimentation, qui est très carbonée à cause des produits d'origine animale qu'on y intègre.
Ce qu'on fait, ce sont des campagnes thématiques, donc on parle d'un sujet sur plusieurs années grâce à trois piliers. Le premier, inspirer, avec un film documentaire ; le deuxième, former, on intervient dans les écoles ou dans les entreprises et on a un podcast, Ondine, pour creuser les sujets ; enfin, le dernier pilier, agir, qui est pour nous le plus important, on fait des ateliers culinaires, où on intègre notamment les algues dans notre alimentation, et on a un livre de recettes pour passer à l'action chez soi.
RCF : Quelle est votre thématique actuelle ?
Notre sujet du moment, ce sont les liens entre notre alimentation et les océans, donc vraiment entre ce qu'on met dans notre assiette et les océans. On aborde quatre gros sujets dans cette campagne : la pêche, l'élevage, les intrants chimiques comme les pesticides et le transport de marchandises.
RCF : L'association emploie trois personnes à temps plein, deux alternants et une personne en service civique. Comment fonctionne son financement ?
C'est un sujet de tous les jours pour nous. C'est beaucoup de financements privés, donc du mécénat et des dons via des fondations d'entreprises. Beaucoup de subventions publiques, également, on commence à savoir remplir des dossiers !Notre plus grand financeur public, c'est l'Union européenne, même si on a reçu nos premiers fonds nationaux et de la région Nouvelle-Aquitaine. Les dons de particuliers et les adhésions représentent une toute petite partie, mais on a envie de leur faire prendre plus de place pour gagner en indépendance et financer plus facilement des actions que ne souhaitent pas forcément financer des fondations ou des entreprises.
RCF : Un élément qui revient dans vos campagnes, c'est l'arrivée de l'algue dans l'assiette. Pour Blutopia, l'algue va réellement devenir une composante de l'alimentation des Français ?
C'est vraiment l'aliment qu'on a découvert avec notre campagne "De l'assiette à l'océan", on aime bien dire que ce sont les légumes de la mer. Aujourd'hui, il y a 12 000 espèces d'algues comestibles, mais en France, on en commercialise à peine une vingtaine et on en connaît très peu. On a envie de montrer que c'est un potentiel incroyable, d'autant plus que cela permet de capter du carbone dans l'atmosphère, de ramener de l'oxygène dans les milieux marins, de développer la biodiversité marine... Et en plus de cela, c'est plein de nutriments ! C'est bon pour notre santé et pour nous, car cela a des goûts particuliers qu'on ne connaît pas.
Aujourd'hui, les algues ne donnent pas envie : on pense aux algues vertes ou aux algues sur la plage quand on va se baigner. Nous avons envie de passer par le goût pour montrer que ce n'est pas que cela et que cela peut être bon. La preuve, on a fait un buffet de Noël version 2050 après la conférence de Serge Zaka en décembre 2024 à La Rochelle et on a fait déguster du tartare d'algues et des rillettes de la mer, nos deux recettes-phares. En goûtant les rillettes de la mer, plusieurs personnes pensaient qu'il y avait du saumon ou du maquereau. Ils n'en revenaient pas qu'il n'y ait aucun produit d'origine animale. On peut retrouver ces goûts avec des algues, mais avec beaucoup moins d'impact.
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