Les faits remontent en juin 2016 quand CrowdStrike, une entreprise américaine spécialisée dans la sécurité informatique, révèle que deux groupes de hackers, Fancy Bear et Cozy Bear, sont entrés dans les ordinateurs du parti démocrate. CrowdStrike est convaincu que Cozy Bear est en réalité lié aux services russes du renseignement militaire (GRU) et Fancy Bear aux services spéciaux russes (FSB).
Pour rappel, le piratage informatique, dont a été victime le parti démocrate en pleine campagne présidentielle, a entraîné le vol et la publication de milliers d’emails du parti. Ces documents dérobés ont été remis au site Wikileaks, qui avait déjà révélé un grand nombre d’affaires au public. Un scandale qui a perturbé la campagne de la candidate démocrate, Hillary Clinton.
Pour les Etats-Unis, ce piratage, qui représente une violation du territoire américain, aurait favorisé la victoire du candidat républicain, Donald Trump. En octobre dernier, dix-sept agences de renseignement américaines concluent finalement à un piratage orchestré depuis la Russie. Le 12 décembre le Congrès annonce le lancement d’une enquête parlementaire sur les interférences russes dans l’élection américaine. Ces accusations portées contre la Russie se confirment lorsqu’un rapport de la CIA, révélé involontairement au grand public, annonce la tentative par le pouvoir russe de faire élire Donald Trump au détriment d’Hillary Clinton.
Pour répondre à ces présumées cyber-attaques, Obama a annoncé jeudi 29 décembre que 35 agents du renseignement russe, des responsables en poste à l’ambassade de Russie à Washington et au consulat à San Francisco, étaient désormais déclarées "persona non grata" sur le sol américain. Ces sanctions portent également contre "neuf entités" dont les deux services de renseignement russes, le FSB et le GRU. Décidées par le président sortant moins d’un mois avant son départ officiel de la Maison-Blanche, ces sanctions sont une manière pour lui d’illustrer son désaccord avec la Russie de Poutine.
En réponse, le Kremlin accuse Washington de vouloir "détruire" les relations avec Moscou. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avait proposé tôt dans la journée de vendredi l’expulsion de 35 diplomates américains en réponse aux Américains. Mais le président russe a écarté cette dernière option pour se réserver "le droit de prendre des mesures de rétorsion" en attendant l’investiture de Donald Trump. Le futur locataire de la Maison-Blanche, qui prendra ses fonctions le 20 janvier prochain, a souvent loué les qualités de dirigeant de Poutine. Pour calmer le jeu, ce dernier a même invité tous les enfants des diplomates américains à la fête traditionnelle organisée au Kremlin à l’occasion du Nouvel An et du Noël orthodoxe célébré le 7 janvier.
Pour François Durpaire, spécialiste des Etats-Unis, si Obama affiche publiquement ces mesures diplomatiques, c’est pour "laisser le moins de marge de manœuvre possible à Poutine", explique-t-il notamment au site Internet 20 Minutes. Mais c’est aussi une façon de coincer Trump dès le début de son mandat. Le président américain a annoncé d’autres sanctions "y compris des opérations qui ne seront pas révélées au public". Le parti de Donald Trump est traditionnellement hostile à la Russie, contrairement à ce dernier. Parmi les Républicains hostiles aux Russes, on trouve Paul Ryan, président républicain de la Chambre des représentants, mais aussi les sénateurs John McCain et Lindsey Graham. Trump devra donc convaincre le Congrès américain s’il veut revenir sur les décisions prises ou à venir par son futur prédécesseur contre la Russie.
Source : AFP et site Internet du 20 Minutes
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