"La crise consiste justement dans le fait que l'ancien se meurt et que le nouveau ne peut pas naître" écrivait Antonio Gramsci.
Cette phrase résonne plus que jamais en cette période de crises sociales et sanitaires.
Vidal Monserrata nous parle d'effondrement et de progrès avec Roland Gori, psychanalyste, professeur honoraire à Aix-Marseille-Université, et auteur de l'essai " Et si l'effondrement avait déjà eu lieu" aux éditions Les liens qui libèrent.
Notre société post-moderne actuelle tente de faire face à de nombreuses crises, qu'elles soient sociales, climatiques, politiques ou psychiques.
Pour Roland Gori, ces différents chocs traumatiques sont la résultante de "notre foi dans une religion du progrès qui serait essentiellement basée sur les techniques et les savoirs scientifiques. Nous oublions, bien souvent, la nécessité d'accompagner ce progrès des techniques et des sciences, d'une exigence de sagesse."
Face au désenchantement du monde moderne et notamment à la désagrégation de nos repères culturels et sociaux, la société a préféré parier sur l'action plutôt que sur la réflexion.
En mettant de côté "cette capacité d'être sage", précise le psychanalyste, nous nous heurtons à de profondes crises.
"Il faut défendre le progrès contre la propagande du progrès, contre la mode du progrès."
Dans cette course au progrès, il faut nous poser la question, comme Georges Orwell, de savoir si ce progrès nous rend plus humain ou moins.
Car le progrès est intéressant s'il a du sens.
Or, aujourd'hui nos sociétés restent accrocher à une vision du progrès qui n'est plus adaptée aux changements actuels et à venir.
Pour Roland Gori, nos sociétés " continuent à suivre cette route compulsive de la productivité, de la concurrence et de l'exploitation des ressources, faute de pouvoir faire le deuil de cet appareil désormais obsolète et d'en inventer un nouveau".
Roland Gori ajoute qu'il "faut prendre soin de nos vulnérabilités" pour éviter un effondrement massif de la société.
Il cite notamment Simone Weil, qui prévient déjà dans L'Iliade ou le Poème de la force "qu'une civilisation de la force est une civilisation qui finit par cadavériser l'humain, cadavériser la nature".
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