En Haute-Savoie des centaines de catholiques assurent des missions bénévoles ou salariées pour l'Eglise : organisation d'événements ou de célébrations, préparation aux mariages, célébrations des funérailles... Missions pour lesquelles ils ont été appelés. Car en Eglise, on parle d'appel, pas de recrutement ou de sollicitation. Alors qu'implique cette notion d'appel ? Quel impact pour ceux qui lancent les appels et ceux qui les reçoivent ? Est-ce plus difficile d'appeler aujourd'hui ? Conversation à bâtons rompus avec prêtre et laïcs bénévoles et salariés.
"Le terme de l'appel renvoie aux appels de Dieu, dans l'Ancien Testament : cela nous rappelle que ceux et celles qui appellent dans l'Eglise sont l'instrument de Dieu. Dans les Evangiles, Jésus appelle aussi : il regarde ses futurs apôtres, il les appelle... et ces hommes quittent leur réalité pour le suivre. Enfin, dans les Actes des apôtres, qui racontent la vie des premières communautés chrétiennes, ce sont les communautés qui sont appelantes, attirantes, par ce qu'elles vivent " résume le Père Damien Peudenier, curé de deux paroisses en Haute-Savoie. Aujourd'hui, pour de nombreux catholiques, l'appel est un fait bien concret dans leur vie de baptisés. Il se matérialise par une proposition ou une envie... suivie d'une réponse. Et, quand la réponse est positive, c'est le début d'un engagement qui modifie aussi bien l'agenda que la vie de foi.
J'ai répondu oui à des appels qui m'ont parfois surpris. Je me aussi suis porté volontaire pour des missions auxquelles je me sentais appelé. Et il m'est aussi arrivé de dire non !
"J'ai répondu oui à des appels individuels, qui m'ont parfois surpris. Je me suis aussi porté volontaire, pour des missions sur lesquelles je n'avais pas été spécifiquement identifié : je me sentais appelé par le Seigneur. Il m'est aussi arrivé de répondre non à des appels ! Par exemple, après avoir fait le caté, on m'a proposé d'animer l'aumônerie. J'étais bien chargé professionnellement et je voulais laisser mes enfants vivre leur aumônerie sans moi" témoigne Gérard Benoît, aujourd'hui membre des équipes funérailles et de l'équipe d'animation pastorale de la paroisse Saint-Luc, autour de Meythet. Un parcours bénévole qui illustre bien la diversité des situations, derrière cette notion d'appel.
Les appels nous aident à trouver notre propre vocation
Alors quelles constantes derrière ce terme d'appel, quelles différences avec un engagement dans une association ou un recrutement ? "L'appel me semble être la rencontre entre deux discernements. D'une part le discernement des appelants, qui ont cerné un besoin et une personne qui leur semble correspondre, ou qui sont interpellés par le charisme d'une personne Et en face, le discernement de l'appelé, qui a le droit de répondre non ! Par ailleurs, l'appel nous institue dans une position de service, pour l'Eglise, pour la communauté : on n'est pas à notre compte. Enfin, l'appel nous envoie pour une mission qui n'est pas seulement une tâche à accomplir : elle demande l'écoute de l'Esprit. Chaque appel et la réponse que nous y ferons va nous aider à creuser le sillon de notre foi, à découvrir notre vocation personnelle. C'est immense, finalement, l'enjeu d'un appel !" analyse Marie-Pascale Saubiez, membre du conseil épiscopal et responsable de l'équipe missionnaire du diocèse d'Annecy.
Le premier appel peut être le déclic pour une autre vie de foi ou de service
"Il y a moins de pratiquants, mais on sent une recherche de sens, à la fois dans les engagements bénévoles et au travail... Finalement, je ne sais pas si c'est plus facile ou compliqué d'appeler aujourd'hui : c'est juste différent ! Et toujours aussi mystérieux... Un jour, j'ai vu un jeune à la messe, il venait tout le temps mais n'avait pas vraiment de place, par ailleurs, dans la communauté. Ca a fait tilt : je me suis approchée de lui, pour lui proposer de lire de temps en temps. Il a été surpris, mais il a accepté. Et puis, de fil en aiguille, il a rejoint l'équipe d'animation pastorale ! Le premier appel, même pour une mission modeste ou peu chronophage, peut être le déclic pour une autre vie de foi et de service !" témoigne Catherine Pelisson, délégué pastorale de la paroisse Saint-François-Jacquard entre Môle et Brasses (secteur de Saint-Jeoire).
La société sécularisée attend que l'on sache rendre compte de notre foi
"Un changement notable, en revanche, c'est que dans un monde sécularisé, les personnes qui s'adressent à l'Eglise attendent une sorte de professionnalisme : que l'on sache animer, organiser, gérer... et surtout que l'on sache rendre compte de notre foi à des personnes qui n'ont pas baigné dans cette culture chrétienne. Et d'ailleurs, les personnes que l'on appelle n'ont pas forcément reçu non plus cette culture chrétienne ! Le charisme et le savoir-être vont de pair avec des compétences à avoir ou acquérir" souligne Marie Leroy, directrice des ressources humaines du diocèse d'Annecy. L'engagement, qu'il soit bénévole ou salarié, nécessite donc aujourd'hui probablement plus d'accompagnement, ainsi que la proposition de formations.
Il faut oser appeler !
"Par contre, il faut oser appeler ! Souvent, on pense à la place d'une personne que l'on souhaite solliciter. On se dit que, vu son travail ou ses charges familiales, il / elle refusera. Mais, c'est à l'appelé de discerner cela ! Peut-être que la réponse sera non dans un premier temps et oui plus tard... Et peut-être qu'au contraire, c'était le moment pour cette personne de changer de trajectoire !" souligne Marie-Thérèse Vandame, responsable du service catéchèse et catéchuménat du diocèse d'Annecy. "Quelle que soit la réponse, l'appel est un chemin de croissance et d'épanouissement. Parfois il y a des freins : on ne se sent pas capable... Mais quelle joie de voire une personne révéler tout son potentiel dans sa mission !" conclut le Père Damien Peudenier.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !