Depuis le début du conflit en Ukraine, la question de l’indépendance énergétique de la France revient régulièrement dans les débats. L’exploitation du gaz de couche en Moselle Est est-elle une bonne alternative au gaz russe ? On en parle avec Pascal Mittelberger, de la Française de l’Energie et Eliane Romani, d’Europe Ecologie Les Verts.
Le projet Bleu Lorrain porté par la Française de l’Energie permettrait d’exploiter du gaz de couche en Moselle Est. La société cherche en effet depuis 2006 à mettre en place cette exploitation dans une quarantaine de communes mosellanes. Selon la Française de l’Energie, l’exploitation de cette zone de 191km² permettrait d’alimenter le pays entier, en gaz, pour une période de 5 ans.
« La période de recherche et d’exploration a duré un peu plus d’une dizaine d’années. Les tests réalisés ont prouvé qu’il y avait une importante ressource gazière en sous-sol. Nous sommes dans l’attente de la décision de l’Etat sur notre demande de concession menée en décembre 2018. », assure Pascal Mittelberger, directeur des relations publiques de la Française de l’Energie.
Présidente du groupe Les Ecologistes de la Région Grand Est, Eliane Romani est fermement opposée à l’exploitation du gaz de couche. « Le gaz de couche est un gaz fossile en Moselle Est. Il est important de sortir de ces énergies pour réduire les gaz à effets de serre et lutter contre le dérèglement climatique. Il faut aller vers une sobriété énergétique et les énergies renouvelables. Deuxièmement, les techniques d’extraction sont comparables à celles utilisées pour le gaz de schiste. Cela a des conséquences terribles sur l’environnement et la qualité de l’eau en général. », explique-t-elle.
Selon une étude menée par un Institut environnemental allemand, exploiter du gaz lorrain aurait une empreinte carbone dix fois inférieure au fait d’importer du gaz étranger. Les écologistes sont pourtant opposés à ce projet, craignant la pollution des nappes phréatiques. « Je pense que c’est dû à la confusion avec le gaz de schiste. Pour exploiter ce gaz de charbon, qui est un gaz de couche comme le gaz de schiste, il n’y a pas besoin d’avoir recours à la fracturation hydraulique, qui est interdite en France. Le message que l’on porte, c’est qu’il est important d’avoir un mix énergétique dans cette transition écologique, le gaz y a toute sa part. Nous sommes également producteurs d’énergie solaire, nous prenons en compte tous les aspects de cette transition », se défend Pascal Mittelberger.
Les débats quant à l'exploitation du gaz de couche en Moselle pourraient bien s'intensifier dans les semaines à venir, si la situation en Ukraine se tendait davantage.
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