La victoire de Giorgia Meloni et de la coalition des droites en Italie ne semble être qu'un exemple du réveil des partis "extrêmes" en Europe. Et si nous tentions de décrypter ce phénomène qui n'est pas seulement l'apanage des partis conservateurs ?
En septembre dernier, en France, des députés du PS, de la majorité présidentielle et de la France Insoumise s'étaient positionné pour Boycotter un match de foot en raison de la présence de députés du rassemblement national. Il semble que face à la montée de plus en plus généralisée des partis extrémistes, certains considèrent que le mal ne serait que d'un seul côté de l'échiquier politique. Benjamin Biard, politologie et chercheur au CRISP (centre de recherche et d'information socio-politiques) nous aide à mieux comprendre le phénomène.
Suite à l'union de deux partis d'extrême droite (Liga et Fratelli d'Italia), des partis ayant obtenu respectivement 8 et 24% des suffrages, ainsi que du centre-droit de Silvio Berlusconi (Forza Italia) à 8%, l'Italie a changé de bord politique aux dernières législatives. Une victoire qui n' a pas vraiment étonné Benjamin Biard : "les sondages successifs montraient déjà le pouls de la population qui tendait de plus en plus à droite".
La carte de la "botte" est limpide : le pays est coupé en deux ! Un nord, économiquement porteur, orienté à droite et une tendance inverse au sud. Une donnée socio-économique qu'on retrouve régulièrement en Europe et particulièrement en Belgique : le nord du pays est nettement orienté vers les partis d'extrême-droite avec le Vlaams Belang, tandis que le sud est plus à gauche.
Il semble y avoir des caractéristiques communes à la montée généralisée des formations politiques dites "d'extrême-droite". Quels sont-ils ? “L’Italie est en première ligne face aux vagues migratoires”, une thématique chère aux partis victorieux du dernier scrutin. D'ailleurs, l'équation est souvent faite par ses derniers entre immigration et lien avec la délinquance. Certains observateurs ou médias pointent aussi le parti "post-fasciste" de Giorgia Meloni.
Cette notion doit être prise avec nuance car si Fratelli d’Italia a de grandes différences avec le fascisme, "il a néanmoins une filiation fasciste", nous rappelle Benjamin Biard. Il y a surtout des cadres du parti actuel qui ont encore appartenu au MSI (ancêtre de Fratelli d 'Italia). Cependant, le parti ne remet pas en cause les fondements de la démocratie, même si l'Italie a connu depuis le sortir de la seconde guerre mondiale une grande instabilité politique : près de 70 gouvernements depuis ! Lorsqu'un parti remet en cause le fonctionnement des institutions il est dit "populiste".
Revenons tout d'abord sur la notion d'"extrême droite" et opérons des nuances. Trois critères définissent en général l’extrême droite : 1) vision du monde considérant que la société est stratifiée en races ou ethnies hiérarchisées 2) proposer une vision du monde tel qu’il devrait être : recourir au nationalisme radical, poursuivre l’homogénéité raciale ou autre. 3) mise en place d'un programme d’action pour tendre à cet idéal en utilisant parfois des moyens radicaux potentiellement violents avec une remise en cause des fondements de la démocratie.
En Belgique, l'actualité nous a montré dernièrement le démantèlement de cellules terroristes d’extrême droite en région anversoise, par exemple.
Distinguer le leader des idées de son parti ? Une dédiabolisation, un terme très utilisé en France, par exemple. Une stratégie réussie pour Marine le Pen : 89 députés pour le RN envoyés à l'Assemblée qui peut désormais créer un groupe politique. Une adhésion qui a évolué avec le temps : au début des années 1990, plus de 75% du FN (ancien nom du Rassemblement National) constituait un danger pour la démocratie. Aujourd’hui, ils sont moins de 50%.
“La gauche est beaucoup moins monolithique", selon notre politologue du CRISP. Dans le cas des "antifas", un mouvement qui n'hésite pas à utiliser la violence pour empêcher la venue de certaines personnalités politiques considérées alors comme extrémistes. "Ceux-ci sont nettement moins organisés" mais leur vision de l'extrême droite est très large ! La violence d’extrême gauche semble moins importante (compte tenu des rapports de la sûreté de l'Etat) que de les années 1980.
Comment se portent les partis de gauche : ils veulent restaurer un socialisme historique. Les leaders de ces formations politiques expriment souvent que les partis "centraux" n’ont pas suffisamment défendu des idées de gauche traditionnelles. Aujourd'hui, l’extrême-gauche se développe au-delà des partis. Au cœur des années 1980, ces mouvements violents étaient très présents et faisaient régulièrement l'objet de l'attention médiatique.
Quand les partis de gauche défendent des points de vue pouvant être qualifiés d’extrêmes, il n'existe pourtant pas de “front républicain” ou de “cordon sanitaire”...
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