"S’engager, c’est porter un effort, des combats, contribuer à changer les mentalités, et à réduire des inégalités, faire évoluer les regards" explique Fabrice Payen, premier marin amputé d’une jambe à avoir pris le départ de la Route du Rhum, parrain de l’édition 2019 de La Nuit du Handicap. Pour comprendre son engagement, il faut remonter à l’été 2012, et à son accident.
A cette période-là, Fabrice Payen est en Inde, il circule à moto et il est gravement percuté. S’en suivent alors quatre années de souffrance et de galère. "Je me retrouve sur le bord de la route au sens figuré. Je perds mon travail, ma vie sociale, je me retrouve à l’écart. C’est une traversé du désert" lance le skipper. S’en suit la décision de se faire amputer. "C’est quelque chose de réfléchi après un long parcours médical. C’était aussi une évidence pour moi, qui avait tout tenté pour aller mieux. Avec la technologie qui existe, c’était évident que je retrouverai encore de la mobilité" précise Fabrice Payen.
Il y a un avant et un après l’accident. Fabrice Payen est devenu handicapé. "J’ai le souvenir du jour où j’ai compris que j’étais handicapé : c’était quand le chirurgien m’a dit qu’il ne souhaitait pas intervenir sur ma jambe, devenu raide, comme un pirate. C’est là où l’on commence à comprendre qu’il y a un travail d’acceptation à faire, qui peut être long. Mais on n’est pas tout seul. J’ai eu la chance d’avoir des choses qui m’ont aidé dans ce parcours" précise le skipper.
Un handicap qui lui aura quand même permis de réaliser un vieux rêve de marin : participer à la Route du Rhum. C’est ce que Fabrice Payen a fait, en 2018. "Le handicap peut être une opportunité. L’ironie ou le paradoxe de cette histoire c’est que le handicap m’a offert la possibilité d’être au départ de la Route du Rhum. Derrière, il y a un message d’espoir, de volonté" lance celui qui a dû monter le projet de cette course dans un temps très court, mais également gagner la confiance de son entourage, des entreprises partenaires, de la course, des autres marins…
"Les personnes handicapées sont des machines à s’adapter, car l’environnement n’est pas forcément prévu pour elles" précise Fabrice Payen, qui retient plusieurs choses de cette Route du Rhum, avortée au bout de quelques jours après que le mât de son bateau ne soit tombé. "Il ne faut pas perdre espoir, tout est possible. J’aime bien l’expression de Mark Twain : ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait".
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