"Monsieur, est-ce que vous priez pour la guérison des personnes handicapées ?" Elle a 17 ans, cette lycéenne qui me questionne ainsi au terme d’une conférence. Son ton assez triste me fait imaginer une histoire personnelle douloureuse avec le handicap. Nous sommes sans doute nombreux comme elle, à nous interroger devant la maladie ou le handicap : peut-on prier pour obtenir la guérison ? "Chacun peut bien demander à Dieu ce qu’il veut de la façon la plus concrète et incarnée que possible", répond Anne Lécu, Dominicaine et par ailleurs médecin, dans la revue Etudes, au sujet des prières de guérison. Et la théologienne de rappeler que Jésus a beaucoup guéri pendant sa vie publique.
Anne Lécu ajoute, parlant de Jésus : "Le geste de guérison est toujours lié à une réintégration dans le tissu social dont la maladie avait exclu le malade". Comme s’il s’agissait de guérir non seulement la personne, mais aussi le tissu social dans lequel elle vit. Ainsi, quand nous prions pour la guérison d’une personne malade ou handicapée, n’oublions pas de prier aussi pour notre société qui reste aujourd’hui encore si excluant à l’égard des plus fragiles !
C’est vrai qu’à lire les Evangiles, Jésus a beaucoup guéri au cours de sa vie publique ! Mais il n’a pas guéri toutes les personnes handicapées de son temps, loin de là. Aujourd’hui, à Lourdes ou ailleurs, les guérisons continuent, mais sont des exceptions. Jésus guérit donc qui il veut, et ses raisons nous échappent… La guérison est un don, pas un dû ! Et surtout, Jésus n’est pas un guérisseur. Il est le sauveur ! Ces guérisons ne sont que le signe d’un don plus grand encore que Dieu nous fait à tous : le Salut !
Car c’est davantage que la santé que Jésus nous propose : c’est rien moins que Sa Vie : "Je suis venu pour que les hommes aient la vie, et qu’ils l’aient en abondance", nous dit-il en Saint Jean. Ce Salut, cet Amour qui sauve, il est pour chacun de nous. Dieu nous rejoint dans nos réalités humaines, aussi pauvres et éprouvées soient-elles. "Il a pris nos souffrances, il a porté nos maladies", nous dit l’Evangile de Mathieu. Pour Anne Lécu, cela signifie, "qu’il prend sur lui toute malédiction, celle de la mort, celle de la faute, celle de la maladie".
Elle est là, la guérison ! Au fond, il y a peu de chance que vous, moi, chacun, nous mourrions en bonne santé… Mais nous pouvons espérer mourir guéris ! Guéris, parce que délivrés du poids de nos malédictions. Nous pouvons ainsi goûter sans attendre à cette plénitude de Vie pour laquelle nous sommes tous faits, aujourd’hui, et pour l’éternité. Oui, pour l’éternité !
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