Le froid sibérien qui a traversé l’Europe la semaine dernière a fait une cinquantaine de victimes dont de nombreux sans-abris. En France, quatre personnes ont perdu la vie.
Un épisode climatique extrême qui a relancé le débat : faut-il oui ou non contraindre les SDF à se mettre à l’abri ? Quelles décisions prendre ? Quelles solutions apporter pour éviter de tels drames ? Direction la Belgique à Etterbeek, dans la région de Bruxelles.
Il y a une dizaine de jours, alors que les températures étaient glaciales, le bourgmestre, le maire de la ville, Vincent De Wolf a pris un arrêté municipal selon lequel "toute personne sans abri, est susceptible d’être interpellée et conduite à l’abri du froid, sous la contrainte s’il le faut". Au micro de Pauline de Torsiac, Vincent de Wolf explique pourquoi il a pris cet arrêté.
Le bourgmestre a pris cet arrêté pour une durée limitée. Prévu initialement jusqu’au 8 mars l'arrêté pourrait être levé plus tôt que prévu en raison de l’adoucissement des températures. En attendant ce redoux tant attendu, les policiers vont à la rencontre des SDF, et les emmènent à l’hôpital le plus proche.
Ils sont ensuite examinés par des médecins qui vérifient si leur état de santé leur permet de passer la nuit dehors. Si tel est le cas, les sans-abris sont reconduits dans la rue par les policiers. Si le médecin considère en revanche que passer la nuit dehors dans un froid glacial risque d’être fatal au SDF, les policiers les conduisent de gré ou de force dans un chauffoir, c’est-à-dire un centre d’hébergement pour sans-abris où ils peuvent passer la nuit. Dans les faits, le bourgmestre n’a pas eu à contraindre de SDF. Ils ont accepté d’aller dormir dans le centre.
Pour certaines associations, on ne peut pas contraindre ces personnes à être hébergées le temps d'une nuit. Les arguments de Vincent de Wolf sont vivement contestés par le Front Commun Wallonie-Bruxelles-Flandres, une plateforme de plusieurs associations regroupant d'anciens et d'actuels SDF. Dans un communiqué, l’association accuse le bourgmestre de vouloir se protéger en cas de décès d’une personne. En France, la fondation Abbé Pierre dénonce aussi cette attitude au nom des libertés individuelles.
Il existe pourtant des solutions alternatives. Quand des sans-abris refusent d'aller dans les grands centres collectifs d'hébergement d'urgence en ville, certaines communes rurales ou périurbaines ont pris l’initiative d’ouvrir des points d’accueils individuels. Le plus souvent, ce sont des petites maisons, ou des appartements, achetés et mis à disposition directement par les mairies, et gérés au quotidien par des équipes d’habitants bénévoles.
Quoi qu'il en soit, au coeur de l’hiver, la solidarité s’organise également dans les diocèses, les églises, les paroisses, qui se mobilisent pour accueillir les sans-abris. Entre le 1er janvier et le 14 février dernier, au moins 48 personnes sans-abris sont décédées en France.
Le froid n'est pas la première cause de mort dans la rue
Chaque année, ils sont près de 500 à mourir dans la rue. Pour le collectif des morts de la rue, cela reste une estimation. Si le nombre réel de décès est difficile à évaluer, l'âge moyen des morts des rues oscille autour de 49 ans, lorsque l'espérance de vie moyenne est de 79 ans pour les hommes et de 85 ans pour les femmes.
Le froid n'est pourtant pas la première cause de mortalité chez les gens de la rue. Il y a bien sûr des pics en octobre, et en janvier mais également durant l'été. Le froid est une cause de mort très marginale, constate le collectif des morts de la rue. Moins de 1% des morts de la rue sont causées par des hypothermies. Le collectif reconnaît toutefois que ce chiffre serait beaucoup plus important s'il n'y avait pas de mise à l'abri d'urgence pendant les périodes de grands froids.
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