Depuis la mi-août, les cas de fièvre catarrhale ovine (FCO) se multiplient dans les Pays de Savoie. Aujourd’hui, la maladie s’est propagée à l’ensemble de nos départements et déciment les troupeaux des éleveurs démunis. Témoignage en Chartreuse.
En 2015, Nadège Charquet reprend l’exploitation familiale sur les hauteurs du village d’Entremont-le-Vieux : "La Ferme des Belines", un cheptel de 110 brebis et agneaux, certains destinés à la vente directe de viande, d’autres au filage de la laine.
Le 20 août dernier, elle remarque un comportement préoccupant chez l’une de ses brebis. “Elle était à l’écart du troupeau, les oreilles basses” raconte l’agricultrice. “J’ai pris la température, elle était à 42°c et en lui ouvrant la bouche, elle a eu un gros flot de bave, les gencives et la langue était déjà cyanosés (...) c’est très difficile à voir”. La brebis ne survivra que deux jours.
Transmise par un moucheron, la FCO, aussi appelée “maladie de la langue bleue” cause de fortes fièvres, des lésions du museaux, des œdèmes et empêche les ovins de déglutir, manger, boire et dans certains cas, se tenir debout.
Un mois après ce premier cas, Nadège Charquet a déjà perdu 27 de ses bêtes et en a soigné une cinquantaine.
Aujourd’hui, l’ensemble des soins que les éleveurs prodiguent à leurs animaux est entièrement à leur charge et leur efficacité est limitée. “J’ai tenté plein de formules : les huiles essentielles pour booster l’immunité, les anti-inflammatoires, les antibiotiques” explique Nadège. “J’ai pris la décision, bien que la maladie circulait, de tenter de sauver ce qu’il y avait à sauver et de vacciner mes animaux (...) j’ai fait la première vaccination le 26 août, je viens de faire la deuxième vaccination, mais l’immunité n’est pas là”.
À cela, s’ajoute la crainte pour l’agriculture de voir, dans sa bergerie, se développer le sérotype 3 de la FCO, une cousine du sérotype 8 qui circule sur son exploitation.
Si la situation démoralise les agriculteurs, elle aura également des impacts, à long terme, sur leur modèle économique. La FCO engendre aussi un avortement des brebis, des problèmes de lactation et donc des difficultés à reformer un cheptel ou à vendre de la viande. “Cela va prendre deux ans” souffle Nadège Charquet. “Je ne sais pas si mes brebis pourront être gestantes, si je vais avoir des agneaux cet hiver, ça veut dire que je n'aurai pas non plus de ventes en 2025”.
À l’heure actuelle aucun dédommagement par animal mort n’est prévu par l’Etat, les agriculteurs verront aussi baisser leurs aides PAC (Politique Agricole Commune) allouées par l’Europe et conditionnées pour certaines par le nombre de ventes effectuées sur l'année.
Localement, des réunions sont organisées pour recueillir les doléances des exploitants touchés par la FCO et leur faire remonter au plus haut niveau de l’Etat.
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