Devant les membres de la convention citoyenne sur la fin de vie reçus à l'Elysée, Emmanuel Macron a annoncé hier vouloir "un projet de loi d'ici la fin de l'été 2023". La veille, dimanche 2 avril, l'assemblée tirée au sort et pilotée par le CESE rendait un rapport dans lequel elle se prononçait à 76% pour l'ouverture d'une aide active à mourir.
Vers un nouveau "modèle français de la fin de vie" ? L'expression consacrée est revenue dans la bouche du président de la République, lors de son discours aux membres de la convention citoyenne sur la fin de vie, hier à l'Elysée. "À l'époque de la loi Leonetti, qui avait été votée à l'unanimité en 2005, le ministre de la Santé de l'époque avait déjà dit que c'était le choix français", raille Tugdual Derville, porte-parole d'Alliance vita, association à la pointe de la lutte contre l'euthanasie. "On soulage, mais en gardant l'interdit de tuer comme socle de la confiance entre soignants et soignés", constitue selon lui la doctrine du cadre actuel, en vertu du serment d'Hippocrate, qu'il cite : "Je ne remettrai à personne du poison, si on m'en demande... Il n'y a pas de ‘modèle français' rassurant si par hasard on lève l'interdit de tuer", estime-t-il.
"L'an dernier, en Belgique, a été euthanasiée Shanti De Corte, une jeune femme de 23 ans qui était fragile psychiquement depuis l'adolescence, et a été traumatisée par les attentats de Bruxelles de 2016", déplore Tugdual Derville, préoccupé des dérives qu'implique la possibilité d'abréger la vie.
"800.000 soignants se sont exprimés au travers d'une dizaine d'organisations pour indiquer que tuer n'est pas un soin. Il y a une minorité forte, au sein aussi bien du comité d'éthique après son revirement récent que de la convention citoyenne, pour pour dire qu'il serait extrêmement dangereux de lever cette interdit", rappelle le porte-parole d'Alliance vita. Le 16 février dernier, treize organisations représentatives signaient un texte intitulé "Donner la mort peut-il être considéré comme un soin ?", et dans lequel elles s'inquiétaient d'un "message insoutenable [envoyé] aux personnes âgées d'Ehpad et aux professionnels qui les accompagnent". Quant aux conclusions rendues le 2 avril par la convention dédiée, elles font état de 23% d'opposants à toute évolution vers une aide active à mourir.
"Nous avons bien sûr de la peine à voir les personnes qu'on aime en fin de vie, mais heureusement il y a des moyens pour soulager leur douleur", soutient Tugdual Derville. "Il y a aussi des choses très précieuses qui se passent dans les relations, dans les échanges, et l'idée que nous pourrions ne plus mourir naturellement, que nous pourrions ne plus consentir à ce moment imprévisible de la mort, c'est la grande tentation notre modernité : prendre la main sur la mort."
Je dirais pas qu'on ne peut pas promettre une bonne mort, de même d'ailleurs que l'on ne peut pas promettre une vie sans souffrance, sans peine
"Vendre ou promettre une mort garantie paisible, c'est un leurre, défend-il. On sait bien que la mort est un drame, d'une certaine manière c'est un scandale aussi. Je dirais pas qu'on ne peut pas promettre une bonne mort, de même d'ailleurs que l'on ne peut pas promettre une vie sans souffrance, sans peine."
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