Le Secours catholique défend l'accès à Internet en prison
En partenariat avec LE SECOURS CATHOLIQUE-CARITAS FRANCE
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La semaine dernière le gouvernement a présenté ce que devrait être France Travail et la réforme de l’accompagnement des chercheurs d’emploi. Au Secours catholique, nous partageons l’enjeu d’un meilleur accompagnement des personnes cherchant un emploi ou survivant avec le RSA.
Tous les jours, dans nos accueils, pouvons témoigner de la souffrance vécue par les personnes vivant dans la grande pauvreté, avec seulement le RSA pour survivre, et cherchant un emploi pour retrouver une place mieux reconnue dans la société. Elles vivent douloureusement la stigmatisation et l'opprobre trop souvent jetée sur elles.
Je pense à Maryse qui refusait les aides de peur d’être vue comme une feignante, alors qu’elle dépensait une énergie incroyable pour trouver un emploi et gérer le quotidien de la famille. Elle n’est pas un cas isolé, car nous savons maintenant de source officielle (l’Insee) que 30% des bénéficiaires potentiels ne reçoivent pas le RSA pour différentes raisons. Les personnes en recherche d’emploi et plus généralement en précarité, ont besoin d’un accompagnement bienveillant, de proximité, avec quelqu’un qui ait du temps à leur consacrer et qui se situe dans une approche positive. Qui prenne le temps de l’écoute et de démêler les nœuds administratifs qui bloquent les situations.
Or, la réforme annoncée le 19 avril par le Haut-commissaire à l’emploi, M. Thibaut Guilluy, ne va pas dans le bon sens. La transformation de Pôle emploi en France Travail, avec un rôle de coordination de France Travail sur d’autres acteurs comme les Missions locales et les services départementaux, va construire une "citadelle" encore plus inaccessible qu’avant. De plus, elle se situe dans une logique de conditionnalité renforcée et risque de faire le contraire de ce qu’il faut faire.
Pour les allocataires du RSA, ils auront désormais l’obligation de s’inscrire à France Travail, même s’ils ne sont pas indemnisés comme chômeurs, et de signer un engagement qui leur sera présenté dès le premier entretien, sans prendre le temps d’étudier leur situation et d’expliquer... Beaucoup ne se rendront pas compte de ce qu’ils doivent ensuite assurer et perdront leurs droits aussi vite qu’ils croiront les avoir enfin obtenus !
La nouvelle sanction "suspension-remobilisation" permettra d’interrompre tout versement à tout moment de façon unilatérale, aggravant les situations où - au minimum - un "reste à vivre" était maintenu... De même, l’obligation d’effectuer un quasi mi-temps d’activités dites “structurantes” et de prouver une recherche active d’emploi, ou de formation, si elle n’est pas accompagnée par des conseillers, sera sans effet. Et on ne voit pas comment les conseillers seraient présents 15 à 20 heures par semaine auprès de chacun...
Or, on ne peut pas imposer aux personnes privées d’emploi, vivant dans la pauvreté - une pauvreté aggravée par l’inflation galopante - encore plus de contraintes administratives et d’injonctions à l’accès à l’emploi le plus rapide possible. Le chômage n’est pas un choix et la pauvreté n’est pas une faute. Ils rendent difficiles la réinsertion, qui ne se fait pas par un coup de baguette magique, mais par un patient travail d’accompagnement et de discernement avec et à partir des personnes. L’expérience des Territoires zéro chômeur de longue durée le montre très clairement.
La logique de la réforme proposée est malsaine, car elle part d’un préjugé de méfiance. Nous aurions pourtant besoin, au contraire, de faire alliance tous ensemble pour garantir aux plus fragiles de notre société à la fois un revenu décent et un emploi leur permettant de vivre et de faire vivre leur famille, comme ils le souhaitent le plus souvent.
Au Secours catholique, nous demandons, avec d’autres associations, comme ATD Quart Monde et avec le collectif Alerte :
- Une vraie revalorisation du RSA, afin d’apporter à chacune et chacun des moyens convenables d’existence et de sortie de la grande pauvreté. Car la pauvreté abîme la société et fragilise durablement les personnes concernées et leurs familles. Et ne permet pas de se projeter dans l’avenir et de contribuer à le construire collectivement.
- Le droit à un minimum vital inconditionnel : d’ailleurs, si on versait de manière inconditionnelle le RSA, en tant qu’obligation de l’État pour permettre à toute personne d’avoir un revenu suffisant pour vivre, l’accompagnement des personnes cherchant un emploi se retrouverait libéré de ce jeu de sanctions et pourrait se consacrer pleinement à nouer des relations avec les allocataires, sur la base de leurs projets de vie et d’insertion sociale et professionnelle.
- Un accompagnement respectueux vers l’emploi. L’accompagnement des allocataires du RSA ne peut pas être une incitation – voire une obligation – à effectuer du travail gratuit, même sous une forme déguisée de stages ou d’insertion, mais doit permettre des actions visant à renforcer la confiance en soi pour lever les freins à la reprise d’emploi. Et les personnes vivant la pauvreté attendent aussi un accompagnement social adapté pour accéder au logement, à la santé, à l’éducation...
Il est temps de changer d’approche et de se mettre à écouter vraiment ce que les plus pauvres ont à nous dire pour créer ensemble les conditions d’une société où chacun et chacune est respecté pour ce qu’il est. Personne n’est trop pauvre pour contribuer à la société, comme le disait Jean Rodhain !
Chaque jeudi, écoutez la chronique de Véronique Devise, la présidente du Secours catholique - Caritas France.
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