Frère Alois renonce à sa charge : la communauté de Taizé entre dans "une nouvelle période"

Depuis près de 80 ans, les frères de Taizé jouent en Europe et parmi les chrétiens un rôle discret mais essentiel pour l’unité. Ils organisent chaque année depuis 1978 des Pèlerinages de Confiance sur la Terre, qui rassemblent à chaque fois des milliers de jeunes de toute l’Europe. Une communauté née au cours de la Seconde Guerre mondiale, de l’intuition d’un homme suisse protestant, Roger Schutz. Aujourd’hui, elle entre dans "une nouvelle période". Et c’est pour accompagner ce changement que Frère Alois, son prieur depuis dix-huit ans, a décidé de renoncer à sa charge.

Taizé entre dans une "nouvelle période"

Prieur de Taizé depuis dix-huit ans, Frère Alois remettra officiellement sa charge le 3 décembre 2023. Il avait été désigné par Frère Roger, le fondateur de la communauté, peu de temps avant que celui-ci soit assassiné en août 2005. Renoncer à sa charge, cela "fait plusieurs années" que Frère Alois "y pense", poussé par "cette impression que nous entrons dans une nouvelle période de la vie de la communauté". "Il y a de tels changement dans le monde, décrit-il, dans l’Église et aussi dans notre communauté. Il y a un certain nombre de jeunes frères qui n’ont pas connu Frère Roger… Alors il y a deux ans j’ai partagé cette réflexion avec les frères et je leur ai dit : Il serait bon de faire aussi un changement de prieur pour vraiment signifier marquer que nous entrons dans une nouvelle période de la communauté."

Frère Alois va continuer à travailler sur des sujets comme l'écologie, pour lequel la communauté Taizé est particulièrement engagée. "Les questions de l’écologie, du climat... prennent une très, très grande importance. Comment nous pouvons comprendre que nous sommes liés à toute la nature à toute la création : c’est une question passionnante qui va nous occuper dans le temps à venir et je veux suivre tout cela bien sûr !"

Qui est Frère Alois ?

Né allemand en 1954, Alois Löser a acquis la nationalité française en 1984, dix ans après son entrée à la communauté. "À l’époque, une des grandes questions était cette division de l’Europe qui était insupportable... Je faisais ici l’expérience de l’universalité de l’Église." 

Au sein de la communauté, Frère Alois d’abord été chargé des relations avec l’Europe de l’Est. Dans les années 1980, il a régulièrement voyagé de l’autre côté du rideau du fer pour visiter les communautés chrétiennes. Pour lui, la recherche de l’unité des chrétiens est fortement liée à l’unité de l’Europe. C’est même là la source de sa vocation. "L’engagement pour l’unité, c’était plus que simplement une unité des institutions des Églises, explique-t-il. Pourquoi nous voulons cela ? Parce que le Christ est venu pour toute l’humanité sans exception. Cette unité de l’humanité c’est ça qui nous passionne ici. Une phrase clé dans notre règle c’est la passion de l’unité du corps du Christ."

La communauté de Taizé a été fondée durant la Seconde Guerre mondiale, en 1944, par un protestant suisse, Roger Schutz. Installés non loin de l’abbaye de Cluny, inspirés par son modèle de vie monastique, les premiers frères de Taizé étaient protestants, anglicans ou catholiques. Le dialogue et la recherche de l'unité entre les chrétiens est l'un des charismes de la communauté. 

Frère Matthew, un anglican nommé prieur de Taizé

Chez les frères de Taizé, le prieur, nommé pour un temps illimité, désigne lui-même son successeur. Frère Alois a choisi pour prendre sa suite un Britannique de confession anglicane âgé de 58 ans, frère Matthew (Andrew Thorpe). Ainsi, après un protestant et un catholique, c’est au tour d’un anglican de guider les frères de Taizé. "J’ai reconnu dans les frères des hommes qui essaient de vivre vraiment à la suite du Christ, témoignait Frère Matthew au micro de RCF il y a une vingtaine d'années. Et aussi ce qui était important pour moi à Taizé, c’était le fait que ce soit des frères de confessions différentes. Je voyais un lien entre un Dieu qui est amour dans l’Évangile et ce besoin de s’aimer entre chrétiens."

Avant de passer la main, frère Alois doit participer le 30 septembre prochain à la veillée œcuménique qui aura lieu au Vatican à l’occasion du synode sur l’avenir de l’Église. L’organisation de cette veillée a été confiée par le pape François aux frères de Taizé.