Surnommée "l'Ange de Diên Biên Phu", Geneviève de Galard, est décédée jeudi à 99 ans. Infirmière engagée en Indochine, elle s’était illustrée par son courage et son dévouement aux blessés au cœur de la bataille qui scella en 1954 la défaite française.
Geneviève de Galard est décédée jeudi à 99 ans a annoncé, ce vendredi, Emmanuel Macron. En 1954, elle était devenue une héroïne malgré elle, s'imposant dans un monde d'hommes par son courage et son abnégation lors de la bataille de Diên Biên Phu.
Geneviève de Galard n'avait rien oublié de ce printemps 1954 où l'artillerie du Viêt-minh, pilonne sans relâche le camp retranché français de Diên Biên Phu : le bruit "d'enfer" des tirs, la puanteur et la chaleur étouffante des boyaux de terre, les noms de "ses chers" blessés.
Seule femme présente sur place, elle a survécu à ce désastre militaire, devenu un cimetière à ciel ouvert pour quelque 3.400 soldats français. L'affrontement déboucha sur les Accords de Genève qui scellèrent en juillet 1954 le départ des Français de cette colonie et coupèrent en deux le Vietnam.
La France et le reste du monde découvrent le 5 juin 1954 cette femme brune aux yeux bleus de 29 ans. Elle fait la Une de Paris Match, en combinaison verte de parachutiste. L'hebdomadaire titre "La France accueille l'héroïne de Diên Biên Phu". La photo fait le tour du monde.
Née à Paris le 13 avril 1925, Geneviève de Galard-Terraube a grandi dans une vieille famille aristocratique. Un aïeul aurait combattu avec Jeanne d'Arc. Elle perd à neuf ans son père, officier, un deuil douloureux, qui la rend sensible à la souffrance d'autrui. Devenue infirmière, elle a déjà géré des situations difficiles en Afrique quand elle signe en 1953 un contrat de convoyeuse de l'air et se porte volontaire pour l'Indochine.
Elle accompagne dans les Dakota médicalisés les blessés depuis Diên Biên Phu, mais les bombardements incessants rendent les évacuations très difficiles. Le 28 mars 1954, son avion se pose acrobatiquement. Endommagé, il ne redécollera jamais. Armée d'une simple trousse de premiers secours, elle officie à l'antenne chirurgicale.
Elle refait des pansements à la lumière de lampes de poche, administre des piqûres, réconforte les blessés, des hommes souvent plus jeunes qu'elle au regard "d'enfants égarés". Parfois, il n'y a plus rien à faire. Certains meurent dans ses bras.
Gagnant le respect et l'admiration de tous, elle est faite, sur place, chevalier de la Légion d'honneur et reçoit la Croix de guerre.
À la chute du camp le 7 mai, elle demande à rester jusqu'à l'évacuation des derniers blessés, mais est finalement poussée dans un avion pour regagner la France.
Elle s'y retrouve confrontée à une immense popularité : "que je n'avais jamais ni voulue, ni recherchée. Je n'avais fait que mon devoir". Conviée par le Congrès américain, elle est accueillie comme un chef d'État et décorée à la Maison Blanche de la Médaille de la Liberté, plus haute distinction pour un étranger.
Surnommée "L'Ange de Diên Biên Phu" par la presse, elle parcourt le pays pendant trois semaines et descend Broadway sous les confettis devant 250.000 New-Yorkais. Elle a alors "l'impression d'être tout à la fois actrice et spectatrice". Fuyant les honneurs, elle repart vite en mission et retombe dans un relatif anonymat qui lui convient très bien.
"Geneviève de Galard fit montre, aux pires heures de la guerre d’Indochine, d’un dévouement exemplaire du courage et des souffrances de 15 000 soldats français. Je salue sa mémoire", a réagi le président de la République Emmanuel Macron sur X (anciennement Twitter).
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