La situation des établissements d’hébergement pour personnes âgées, dépendantes est inquiétante en France. Le nombre d'EHPAD en déficit a plus que doublé en trois ans avec un risque accru de cessation de paiement.
Après la crise du manque de personnel, dans les EHPAD, s’installe désormais une crise financière. "Chez nos adhérents, 65 % sont en déficit en 2024, en moyenne de 160 000 euros. Cette situation met en péril nos établissements" constate Jean-Pierre Riso, président de la FNADEPA, fédération de 1 600 maisons de retraite et services à domicile.
Selon un rapport sénatorial publié le 25 septembre, la part des établissements déficitaires est passée de 27 à 66 % en trois ans, avec un risque accru de cessation de paiement. Pour les seuls EHPAD publics le déficit total est aujourd’hui estimé à un total près de 800 millions d’euros.
Cette dégradation financière s’explique par une baisse des taux d’occupation des maisons de retraite avec la pandémie de Covid-19, puis une crise de confiance avec l’affaire Orpea. L’inflation sur l’énergie et l’alimentation a ensuite durement impacté les établissements tandis que les revalorisations salariales des personnels ont été mal compensées par l’Etat.
Pour Eric Fregona, directeur adjoint de l’Association des directeurs d’établissement pour personnes âgées, la situation actuelle tient beaucoup "à l’inaction de l’Etat depuis de nombreuses années". "Aujourd’hui, les directeurs d’EHPAD assument aussi de ne pas dégrader la qualité d’accueil des résidents" souligne-t-il.
Les professionnels du secteur lancent un appel au nouveau gouvernement pour faire de l’accompagnement du grand âge une "priorité". Mais le contexte budgétaire actuel n’est évidemment pas simple. Le président de la FNADEPA, Jean-Pierre Riso estime qu’il faut pourtant "débloquer un fond d’urgence d’1,4 milliard pour éviter les faillites puis « une programmation pluriannuelle de 12 milliards pour atteindre le ratio de 8 encadrants pour 10 résidants d’ici 2030".
Un investissement jugé indispensable par les professionnels pour assurer l’attractivité des métiers face au mur démographique d’ici 2030, où le nombre de personnes dépendantes devrait bondir.
De son côté, le rapport sénatorial publié le 25 septembre énumère dix huit propositions pour engager une réforme structurelle et assainir la situation des EHPAD avec une mesure phare : une seconde journée de solidarité. "Elle pourrait rapporter 2,4 milliards d’euros supplémentaires chaque année" précise Chantal Deseyne, sénatrice Les Républicains d’ Eure-et-Loir, co-rapporteuse de cette mission parlementaire.
Le rapport propose aussi une indexation des tarifs des EHPAD sur l’inflation et une assurance dépendance obligatoire. Chaque personne ayant cotisé disposerait ainsi d’une aide financière en cas de perte d’autonomie.
Mais l’idée d’une 2e journée de solidarité ne fait toutefois pas l’unanimité des sénateurs, dans une contribution personnelle au rapport, la sénatrice écologiste de Paris Anne Souyris estime que cette mesure serait "injuste", car elle ferait peser le financement uniquement sur les salariés.
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Annecy
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