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Grève des profs : le plus beau métier du monde ne les fait plus rêver

Un article rédigé par Violaine Rey - RCF Isère, le 8 septembre 2022 - Modifié le 24 octobre 2022

Une semaine tout juste après une rentrée scolaire sous tension, les enseignants sont en grève, ce jeudi, partout en France.
Ils dénoncent des conditions de rentrée chaotiques : postes non pourvus, recours massifs aux contractuels faute de profs, manque d’attractivité de la profession, classes surchargées…. Ils réclament plus de moyens pour l’Éducation Nationale.

 

Dans l'académie de Grenoble, 332 équivalents temps plein étaient vacants à la rentréeDans l'académie de Grenoble, 332 équivalents temps plein étaient vacants à la rentrée

1 500€ par mois


Si dès les phases écrites du CAPES, les candidats sont moins nombreux que les postes à pourvoir, c’est souvent parce que le salaire d’un professeur débutant refroidit les prétendants : 1 500€ net par mois.

Or, les futurs diplômés sont détenteurs d’un BAC+5. Un niveau d’étude qui leur permettrait de gagner bien plus ailleurs. “Avec un BAC+5 en science par exemple, vous pouvez largement prétendre à un salaire de 2 500€, 3 000€ ” déplore Florian Stocker, secrétaire départemental du SNES-FSU en Isère.

 

Le gouvernement promet une amélioration du salaire minimum des enseignants, dès la rentrée 2023 : 2 000€ net. Un geste salué par les syndicats, mais jugé toutefois insuffisant.

 

 

J'ai dû piocher dans mes économies, je le dis peu, mais c'est vrai.

 

 

Il y a 6 ans, François-Xavier, lui, a fait le choix de quitter son métier d’ingénieur pour rejoindre l’Education Nationale. Un saut dans le vide qui lui a coûté, financièrement. S’il a retrouvé un nouveau souffle moral, ce fût au prix de nombreux sacrifices. “Mon confort de vie a fortement diminué, mon salaire aussi, il a été divisé par deux” explique-t-il. “Quand, lors de mon premier poste, j’ai été affecté dans le Nord-Isère, alors que j’habitais à Grenoble, j’ai dû louer un deuxième logement, pour être plus proche de mon établissement".

 

S'il a tenu bon, dans ces conditions, c’est grâce au soutien de “sa moitié”, mais aussi à ses économies, dans lesquelles, il l’avoue avec gêne, il a dû piocher au début de sa carrière. Une époque durant laquelle il travaillait la semaine devant ses élèves et le week-end pour préparer les cours et corriger les copies.

Aujourd’hui, ce professeur de mathématiques dit avoir tout juste atteint un salaire “décent”.

Le son du jourTémoignage : des professeurs en difficulté financière

 

Des conditions de travail dégradées


A une rémunération jugée insuffisante, s’ajoute un cadre de travail loin d’être optimal selon les syndicats. “Vous avez facilement 30, 35 élèves dans une classe” compte Florian Stocker, “ailleurs en Europe, les classes sont généralement autour de 20, 25”.


Des effectifs trop importants, fatigants et qui mènent parfois à des comportements extrêmes. L’an dernier, Juan, professeur d’espagnol isérois, a été agressé par un élève. Un incident qu’il impute aux classes surchargées qui créent des tensions entre les élèves, mais aussi avec les enseignants.
Reconnu inapte aux fonctions d'enseignement, il a demandé sa retraite anticipée. Pour lui, hors de question de retourner en cours. “Quand après l’incident, j’ai essayé de me projeter vers une reprise du travail, ça a été un calvaire” explique-t-il. “Je devais reprendre les cours dans un établissement où l’élève qui m’a agressé était toujours. Je me demandais avec quelle autorité j’allais pouvoir faire face à ma classe”.

 

Le son du jourTémoignage : les conditions de travail dégradées de l'Education Nationale


Aujourd’hui, il souhaite que l’Etat propose aux enseignants en fin de carrière des postes plus adaptés : direction ou encadrement. Lui-même avait demandé une telle évolution, mais les professeurs d’espagnol étant trop peu nombreux, le rectorat avait estimé qu’il devait continuer d'enseigner, son dossier n’avait donc pas été retenu.

 


 

Les professeurs contractuels, vilains petits canards de l’enseignement ?

Ces enseignants non diplômés et détenteurs d’un BAC+2 ou BAC+3 ont souvent été montrés du doigt : peu ou pas formés, envoyés en zones d’éducation prioritaire, nombreux étaient ceux qui ne terminaient pas l’année scolaire.

Pourtant, face au manque de professeurs diplômés, ce sont eux que l’on appelle en masse pour combler les effectifs (65 000 à échelle nationale en 2021). Une situation que dénonce Florian Stocker du SNES-FSU “ils reçoivent une formation de 2 à 12 jours, au lieu d’un an pour les diplômés et évidemment, ils sont bien moins rémunérés”.

Une pratique longtemps passée sous silence mais, qui dégoûterait ces jeunes adultes du métier d'enseignant. Le SNES-FSU demande la fin du sacrifice de leurs vocations sur l’autel des économies.

 

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