Suite aux accord du Ségur de la santé, le gouvernement a garanti une hausse de salaire pour les personnels soignants de 183€. Une revalorisation faible selon les organisations syndicales, qui ne concerne pas les personnels médico-sociaux. La goutte d’eau qui a fait se lever les travailleurs à Alençon.
Un temps maussade, des cafés tièdes et travailleurs sociaux au bout du rouleau. Ce mercredi 7 décembre, les syndicats de la CGT et Sud Santé Social ont lancé un appel à la grève nationale pour les travailleurs médico-sociaux. A Alençon, dans l’Orne, les « oubliés du Ségur » se sont retrouvés devant l’ADAPEI. Un établissement qui accueille des personnes en situation de handicap.
Les grévistes dénoncent l'injustice de ne pas avoir augmenté également leurs salaires. Sébastien Labbé, qui travaille à l’ADAPEI, nous avoue son désarroi face à cette différenciation : « On ne comprend pas pourquoi une seule catégorie du personnel aurait le droit aux augmentations de salaires. Ils sont dans le soins donc ils sont plus dans l’intimité des personnes accueillies, mais les autres personnels qui œuvrent pour l’accompagnement veillent à ce que les personnes en situations de handicap aient une vie normale ».
Une décision que le directeur de l’ADAPEI de l’Orne, Thierry Mathieu, qualifie « d’erreur grave ». Pour le directeur de l’association, « ce sont des métiers de l’accompagnement également. Tous les personnels comptent dans notre établissement ». Thierry Mathieu salue tout de même cette première avancée. Il craint cependant que cette avancée ne crée des tensions entre ses employés.
Burnouts, non remplacements et mise en concurrence des travailleurs
Les personnels soignants et médico-sociaux sont en souffrance. Des cadres de l’établissement ont confié à RCF que certains de leurs employés dormaient dans leurs voitures. Des travailleurs en situations précaires qui ont un salaire parfois inférieur au SMIC. Une gréviste non syndiquée nous alerte sur le « mal être » dans son corps de métier. Elle constate dans sa profession de plus en plus de « burnout, de congé maladie ou des départs qui ne sont pas forcément remplacés ». Même constat pour le délégué syndical CGT Sébastien Labbé : « Les risques psycho-sociaux dans les personnels soignants et médico-sociaux sont une grosse problématique en ce moment ».
Une situation critique qui est la conséquence du manque de moyens et de personnels. « Je pourrais trouver du travail à 35 personnes », nous lance Thierry Mathieu. Le directeur de l’ADAPEI poursuit que ce manque de personnel se « traduit par des défauts d’accompagnement et des ruptures d’activités voire des mises en danger ».
Outre les conditions de travail difficiles, le manque de reconnaissance de la profession dans la société, ainsi qu’un salaire peu attractif, les établissements recevant des personnes en situations de handicap font également face à un grand nombre de départs. « Ce n’est pas une grosse vague de départ, ce sont des petites vaguelettes qui ne sont jamais renouvelées » assure Sébastien Labbé. « La vague de départ est déjà partie. En 1 an, on a perdu 10% de nos effectifs », surenchérit Emmanuel Maillard, secrétaire de la CGT action sociale de l’Orne.
Dans la manifestation, beaucoup de salariés peu syndiqués
Les grévistes dénoncent aussi des méthodes de travail qui sont appliquées « dans l’industrie ». Un management qui « met en concurrence » les travailleurs et un salaire « au mérite ». Des logiques qui sont dangereuses, pour la syndicaliste de Sud Angela Gagnebien, parce que l’objectif est toujours de réduire les coûts.
Parmi la centaine de personnes présente devant l’ADAPEI de l’Orne, une petite moitié semblait n’être liée à aucune organisation syndicale. Emmanuel Maillard, habitué des luttes dans l’Orne admet que « la majorité des personnes présentes ici ce sont les salariés en souffrance, c’est la première fois depuis longtemps que j’en vois autant se mettre en grève. C’est un signe, il y a un sérieux ras-le-bol ».
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