C’est le 25e jour de conflit entre Israël et le Hamas. Depuis ce week-end, l’Etat hébreux intensifie ses bombardements sur l’enclave palestinienne. Le 30 octobre, des chars israéliens ont mené une opération en périphérie de Gaza ville. Dans l’enclave, l’aide humanitaire est toujours insuffisante pour répondre aux besoins de la population locale. Le général Dominique Trinquand, expert en relations internationales, était l'invité de la matinale. Il détaille les ambitions militaires de Tel Aviv.
Israël cherche à réaliser une progression méthodique. Malgré l’importance et la violence des frappes sur Gaza, tout se déroule étape par étape. La grande offensive a commencé avec ces frappes, puis des incursions commandos et des raids blindés détaille le Général Dominique Trinquand, expert en relations internationales. Vendredi soir, la guerre électronique a coupé toutes les communications dans l’enclave. Elle a permis de progresser selon trois axes : « un axe au nord du Wadi Gaza afin de cloisonner le terrain et faire en sorte que le nord de Gaza devienne la zone de combat. Le sud du territoire devant servir pour accueillir les réfugiés » mentionne l’ancien gradé. Avec cette stratégie, « il s’agit pour l’armée de cloisonner le sud et le nord de Gaza, ce n’est pas exclu qu’un dispositif militaire permanent s’installe. »
A Gaza, les combats sont urbains. Une guerre très contraignante pour la progression des troupes à pieds. Le Hamas grâce à son système de tunnel a déjà miné le terrain. Tsahal essaye ainsi de désamorcer les pièges. « L’armée israélienne a tout intérêt à lancer des raids d’abord. Sur place, il faut qu’elle reste en mouvement, car en devenant statistique elle risque de s’engluer dans les embuscades tendues par le Hamas ». La conséquence : perdre beaucoup de soldats.
Tsahal va chercher des objectifs, les cibler et s’en retirer dès que l’objectif est atteint
Il faut être méthodique sur ce type de terrain révèle le Général Dominique Trinquand. « Leur but est de casser tout le dispositif du Hamas. Les dispositifs physiques déjà, à travers les tunnels, les stocks de munitions ou les PC. Mais aussi cibler les leaders et combattants du Hamas. Et également libérer les otages quand c’est possible, comme ça a été le cas lundi 30 octobre. »
Pour trouver les otages, la clé est le renseignement. Récolter ces informations est très difficile dans cette situation. D’autant plus que la finalité est d’aller secourir les otages, sans faire de victimes.
Je pense clairement que [les otages] n’est pas la priorité absolue de Tsahal, même si les Israéliens ne le disent pas. Leur priorité absolue est de détruire le Hamas.
A l’heure actuelle, l’armée israélienne est coupée en deux avec ce front offensif sur Gaza. Mais également des positions défensives le long de la frontière avec le Liban et face au Hezbollah. « Gaza doit concentrer environ un tiers de ses forces armées. Je le rappelle, le rôle d’un Etat est d’abord de défendre ses citoyens et non pas, de les venger. Donc la défense est déjà essentiellement dirigée contre le Hezbollah et la Cisjordanie, puis ensuite la destruction du Hamas après l’attaque du 7 octobre. » Pour arriver à ces résultats, les moyens mis en place sont colossaux. Près de 600 frappes aériennes par jour.
Les conséquences pour les populations palestiniennes restées sur place sont préoccupantes. Le système actuel d’aide à Gaza est voué à l’échec estime l’Organisation des Nations Unies. L’occident a un rôle a joué dans cette guerre estime le Général Dominique Trinquand, notamment dans l’aide humanitaires où les occidentaux peuvent faire beaucoup. Dans la stratégie militaire israélienne, le nord est une zone de combat. Le sud une zone pour les réfugiés.
Mais pour que cette dernière soit considérée comme telle « il faudrait qu’il y ait beaucoup de camions et d’aide humanitaire qui arrive ! Et qu’il n’y ait plus de frappe israélienne dans le sud. Or, ce n’est pas le cas ». Depuis le 21 octobre, seulement 143 camions ont pu ravitailler Gaza, estime l’UNESCO, contre 500 quotidiennement avant son blocus. L’aide humanitaire se fait attendre. Ainsi que l’essence, pour faire fonctionner les générateurs électriques dans les hôpitaux.
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