Selon les services de renseignement de la Corée du Sud et de l’Ukraine, Pyongyang compte envoyer jusqu’à 12 000 hommes en Russie pour combattre les Ukrainiens. Une annonce qui fait craindre aux pays occidentaux le risque d’une escalade mondiale du conflit.
La participation de la Corée du Nord à la guerre entre l'Ukraine et la Russie se cantonnait jusqu'à présent à l'envoi de missiles et de munitions. Selon Washington, depuis septembre 2023, la Russie aurait en effet acheté plus de 16 500 conteneurs de munitions et de matériels militaires à la Corée du Nord.
Mais lundi 28 octobre, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a confirmé l'envoi de troupes nord-coréennes sur le sol russe. Selon les différentes sources du Pentagone et du service national de renseignement sud-coréen, entre 3000 et 10 000 soldats seraient déjà arrivés en Russie. Ils seraient répartis dans plusieurs bases militaires de l’Extrême-Orient avant de rejoindre les lignes de front.
Pour l’historien spécialiste de l’Asie du sud-est Jean-Louis Margolin, cette implication est une première pour la Corée du Nord. "On n'a jamais eu d'intervention à l'extérieur de forces nord-coréennes. Par ailleurs, c'est une internationalisation du conflit puisqu'il n'y a jamais eu d'autre participant à ce conflit sur le terrain que des ukrainiens et des russes", explique-t-il.
On n'a jamais eu d'intervention à l'extérieur de forces nord-coréennes. Par ailleurs, c'est une internationalisation du conflit puisqu'il n'y a jamais eu d'autre participant à ce conflit sur le terrain que des ukrainiens et des russes.
D'après l'historien, si des liens historiques unissent les deux nations, cette nouvelle coopération militaire va permettre de normaliser la place et le rôle de la Corée du Nord dans les relations internationales. "C'est la fin de la participation de la Russie aux sanctions internationales votées par l'ONU qui devait entrainer l'isolement de la Corée du nord vis-à-vis du reste du monde, sanctions destinées à retarder le développement de son programme nucléaire", analyse Jean-Louis Margolin.
Et c'est d'ailleurs ce qui inquiète les puissances occidentales, qui craignent une escalade inédite du conflit.
La Corée du Nord, comme d'autres pays tels que l'Iran, ont intérêt à ce que l'armée russe ne s'effondre pas.
"La Corée du Nord, comme d'autres pays tels que l'Iran, ont intérêt à ce que l'armée russe ne s'effondre pas. Ils aident leur partenaire à progresser, et en profitent pour en tirer des avantages : que ce soient des livraisons d'armes très sophistiquées, ou bien pour obtenir l'aide de la Russie pour le développement des armes nucléaires nord-coréennes", détaille Yohann Michel, chercheur à l’Institut d'études de stratégie et de défense (IESD).
En retour, cette alliance doit permettre à la Russie de tenir dans un conflit qui dure, et de poursuivre son offensive. "C'est une manière de compenser des difficultés de recrutement [au sein de ses propres troupes]", abonde Yohann Michel.
Les deux camps tentent d'épuiser le potentiel matériel et humain de l'adversaire. Ainsi, Les russes espèrent à la fois conquérir le plus de territoires possibles tout en réduisant l'armée ukrainienne.
"Les deux camps tentent d'épuiser le potentiel matériel et humain de l'adversaire. Ainsi, Les russes espèrent à la fois conquérir le plus de territoires possibles tout en réduisant l'armée ukrainienne", analyse le chercheur. D'après l'AFP, l'armée russe a progressé de 478 km² en territoire ukrainien depuis le début du mois d'octobre.
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