La crainte de retombées nucléaires a poussé les riverains de centrales nucléaires françaises à aller chercher leurs pastilles d’iodes. Illustration dans le Nord.
En France, les riverains des centrales nucléaires sont régulièrement invités à se procurer des pastilles d’iodes. En septembre dernier, une opération de sensibilisation et de distribution aux abords de la centrale de Gravelines impliquait 107 pharmacies. Les habitants de 53 communes situées à moins de 20 kilomètres de la centrale (200 000 personnes) devraient posséder ces comprimés. Mais la préfecture de Dunkerque déplorait qu’un tiers des riverains n’aient pas réclamé sa boîte de pastilles.
Sensibiliser et protéger les riverains en cas d’accident est une mission de l’ASN, l’autorité de sûreté nucléaire.
“Dans les mesures de protection qui peuvent être prises par le préfet en cas d’accident à la centrale, il y a la prise de comprimés d’iode.” précise Rémy Zmyslony. Le chef de la division de Lille de l’ASN, dont dépend Gravelines, déplore que lors des campagnes de distribution qui ont lieu tous les cinq ans autour des centrales : “on a du mal à faire aller chercher les comprimés par les habitants.”
Mais la guerre en Ukraine a changé la donne.
La médiatisation des prises russes des centrales ukrainiennes (Tchernobyl et Zaporijia) et la menace de frappes nucléaires ont poussé les riverains de la centrale de Gravelines à se procurer ces comprimés d’iodure de potassium. “Donc on a eu une affluence dans les pharmacies.” précise le représentant de l’ASN qui souligne qu’à la différence d’exercices locaux, la guerre en Ukraine est un fait réel, “donc les gens sont davantage sensibilisés et ils vont chercher les comprimés.”
Quand prendre ces comprimés ?
Les pastilles d’iode ne sont à prendre que si le préfet le préconise. Dans une fenêtre comprise entre une à deux heures avant l’exposition à la radioactivité jusqu’à quelques heures après le passage du nuage. Le principe est simple : les 50 mg d’iode contenus dans le comprimé vont venir saturer la thyroïde en iode stable, un iode non radioactif. Dans les scénarios d’accident qui pourraient se produire en France, ce serait majoritairement de l’iode radioactive qui serait rejetée par une centrale française. Donc au moment où le panache passe, si la thyroïde est déjà saturée en iode stable, l’iode radioactive va glisser dessus. La prise du comprimé est à accompagner d’une mise à l’abri. Et l’ASN estime qu’en cas d’accident nucléaire en Ukraine (à plus de 1500 km de Gravelines), les seuils nécessitant une prise d’iode ne seraient pas atteints en France.
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