Il y a une semaine jour pour jour, la Russie a lancé son assaut sur l’Ukraine. Une annonce faite par le président russe dans une allocution télévisée très solennelle. S’il apparaît très isolé, Vladimir Poutine est entouré d’un cercle de fidèles qui pèse assez peu dans la prise de décision.
Vladimir Poutine incarne tellement le pouvoir russe, autoritaire et vertical, qu’on en oublierait presque sa garde rapprochée. Le président dirige le pays depuis plus de 20 ans. Et ses hommes lui sont fidèles depuis à peu près autant de temps.
L’un des plus emblématiques : Sergueï Lavrov, ministre des affaires étrangères depuis 18 ans. Diplomate chevronné, formé à Moscou, il a aussi représenté la Russie aux à l’Organisation des Nations unies (ONU), ce qui lui a valu longtemps d’être perçu comme pro-Occident.
Autre fidèle, particulièrement mobilisé en ce moment : le ministre de la défense Sergueï Choïgou. À 66 ans, cet homme né en Sibérie est présenté comme un ami intime de Vladimir Poutine. Il est ingénieur de formation et a dirigé le parti du président "Russie Unie". C’est lui l’homme clé de l’intervention militaire en Syrie en 2015. Sergueï Choïgou a aussi réussi à faire augmenter le budget de l’armée de plus de 30 %.
Autour de Vladimir Poutine, il y a aussi des membres du FSB, les services de renseignements intérieurs russes. Rien d’étonnant pour celui qui a été officier du KGB à Dresde en Allemagne de l’Est pendant l’époque soviétique puis directeur du FSB. Nikolaï Patrouchev en a été à sa tête, juste après Vladimir Poutine. Il est aujourd’hui secrétaire du Conseil de sécurité de Russie.
Alexandre Bortnikov, lui, est l’actuel patron du FSB et fait aussi partie de la garde rapprochée du président russe. Sergueï Narychkine, quant à lui, est chef des renseignements extérieurs. On l’a vu récemment dans une vidéo où l’on voit Vladimir Poutine lui demander de reconnaître expressément de soutenir la reconnaissance des territoires pro-russes du Donbass. On voit l’homme en difficulté, humilié publiquement.
À son arrivée au pouvoir, le président russe semblait assez disposé à écouter ses collaborateurs. Force est de constater que l’époque a changé si l’on en croit les travaux des chercheurs et les images dont on dispose, à prendre avec des pincettes. "Il ne fait confiance qu’aux militaires et aux gens des services. Mais petit à petit, l’homme a évolué. Il s’est enfermé dans une espèce de bulle. Il décide quasiment tout seul. Il ne prend pratiquement conseil de personne et il fait peur à ses collaborateurs", explique Hélène Blanc, politologue et criminologue au CNRS, spécialiste de la Russie, qui vient de publier "Bons baisers de Moscou" avec Claude André aux éditions Gingko.
Les militaires ont donc toute leur place dans ce cercle, comme le chef d'État-major de l’armée russe Valéri Guérassimov. Mais difficile de savoir quel poids peuvent avoir les proches conseillers de Poutine sur ses décisions. "Les conseillers dont on pensait qu’ils étaient importants et que leur opinion comptait, quand on regarde le discours de Poutine de lundi dernier, lors de la réunion avec le Conseil de sécurité russe, on doute de l’influence de ces personnages", analyse Anastasiya Shapochkina, chercheuse en géopolitique et spécialiste des relations Europe Russie.
Les oligarques aussi comptent dans l’environnement du président russe. Ces milliardaires, très proches du pouvoir, doivent leur fortune à la chute de l’URSS et aux nombreuses privatisations. Ils sont ciblés par les sanctions économiques imposées par l’Union européenne. Et face aux gel de leurs avoirs, certains essayent d’hausser le ton contre le pouvoir, à l’instar d’Oleg Deripaska, qui a fait fortune dans l’aluminium. Il a même appelé à la fin du capitalisme d’Etat.
Mais il n’est pas sûr que cela ait des conséquences. "Deux oligarques ont pris leurs distances mais il y a en Russie plusieurs centaines d’oligarques. Ils n’ont pas de pouvoir réel sinon qu’ils ont forcément des liens avec Poutine. Ils ont ensemble mis la Russie en coupe réglée et pillé l’essentiel de ses richesses. Ces gens-là qui doivent beaucoup à Poutine peuvent faire des déclarations du genre ‘Il faut arrêter la guerre’ mais c’est tout. Ils n’ont pas le pouvoir de démettre Vladimir Poutine", affirme Hélène Blanc.
Et parmi ces oligarques, Dimitri Outkine, ancien des forces spéciales qui finance la force Wagner. Cette société paramilitaire privée, illégale, réputée très violente, officie dans plusieurs pays, comme la Centrafrique ou la Syrie. 400 de ses membres seraient aussi en Ukraine, soupçonnés de vouloir tuer le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Même si la communauté internationale s’accorde sur de nombreuses sanctions contre le président russe, ce dernier n’est pas si isolé du monde. Il a un allié au Bélarus, en la personne de son président, Alexandre Loukachenko qui a ouvert ses frontières pour permettre à l’armée russe d’aller en Ukraine.
"Il s’est soumis à Poutine. Il lui est redevable parce qu’il a pu garder son pouvoir en août 2020 seulement grâce à son soutien. À ce moment-là, il y a eu une très forte mobilisation anti-Loukachenko dans le pays. Le soutien du Kremlin a rassuré ses partisans. En échange, il offre son territoire pour mener une agression contre l’Ukraine", analyse Ekaterina Pierson-Lyzhina, chercheuse à l’université libre de Bruxelles, spécialiste de la politique étrangère bélarusse.
Le président de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, est lui aussi allié de Vladimir Poutine. Ce petit pays du Caucase a mobilisé son armée en Ukraine.
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