À Gaza, la situation empire. Si l’espoir d’un cessez-le-feu est entretenu par des pourparlers en cours au Qatar, la situation continue de s’envenimer. L’aide humanitaire est trop lente et c’est désormais l’ensemble de la population de Gaza qui subit une “situation d’insécurité alimentaire grave”. RCF a interrogé Pascal André, médecin urgentiste et infectiologue français de retour de Gaza, après avoir travaillé près d’un mois dans l’enclave à l’hôpital européen de Khan Younès.
Jour 165 à Gaza. Au lendemain du raid de l’armée israélienne dans le complexe hospitalier d’Al-Shifa dans la ville de Gaza, le territoire palestinien continue de compter ses morts. Selon les chiffres invérifiables du Hamas, 31 726 personnes, majoritairement des civils, ont été tuées depuis le lendemain du 7 octobre 2023. Mardi 19 mars, près de 200 tonnes de nourritures ont été débarquées pour venir en aide à la population.
Si le bilan mortifère est catastrophique, la situation humanitaire l’est tout autant. Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, en visite dans la région, a alerté sur une “situation d’insécurité alimentaire grave” pour l’ensemble de la population de Gaza. Les convois humanitaires s’organisent timidement, toujours sous le contrôle de l’armée israélienne. Les sévères restrictions imposées par l’Etat hébreu sur l’entrée de l’aide à Gaza, conjuguées à la potentielle utilisation de la faim comme arme pourraient “constituer un crime de guerre”, s’est insurgé l’ONU.
À moins de 2 000 kilomètres des affrontements de Gaza, à Doha, les pourparlers pour une trêve s’intensifient alors que le ramadan est déjà bien entamé. Le site américain Axios, relève des discussions “positives” et la délégation israélienne doit rester au Qatar pour poursuivre ces négociations “détaillées”.
Une lueur d’espoir dans le quotidien de milliers de Gazaouis, empruntés à un quotidien rythmé par des opérations terrestres et aériennes israéliennes. Beaucoup d’entre eux, des civils majoritairement, ont dû fuir l'hôpital d’Al-Shifa lors du raid de Tsahal lundi 18 mars. “Ce sont des personnes qui ont déjà dû déménager cinq ou six fois dans des conditions terribles”, souffle Pascal André, médecin urgentiste et infectiologue français de retour de Gaza, après avoir travaillé près d’un mois dans l’enclave à l’hôpital européen de Khan Younès.
Il y a eu plus de morts - de femmes et d'enfants - à Gaza en six mois qu'en Ukraine en deux ans
“Nous n’avons vu que des victimes civils”, assure le médecin urgentiste. “Il y a eu plus de morts - de femmes et d’enfants - ici [à Gaza, NDLR] en six mois qu’en Ukraine en deux ans””, s’insurge-t-il. “Tout ça dans un silence hallucinant”.
Pour la population gazaoui, “c’est un traumatisme” de la même manière “que la population israélienne a vécu un traumatisme hallucinant au cours des siècles”. Il s’inquiète : “lorsqu’on a un traumatisme commun aussi puissant, ou qu’on vit une névrose post-traumatique réactivée par une insécurité aussi majeure que celle de l’attaque du 7 octobre pour les Israéliens ou que celle du quotidien depuis cinq mois, pour ces civils, on ne peut pas y arriver autrement qu’en reconnaissant l’humanité de chacun”.
Juste avant l’arrivée d’Antony Blinken au Proche-Orient, les Etats-Unis confirmaient lundi 18 mars la mort du numéro 3 du Hamas “lors d’une opération israélienne la semaine dernière”. Marwan Issa, chef adjoint de la branche armée du Hamas, est mort après une frappe aérienne “dans le centre de la bande de Gaza, près de Nuseirat”.
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