Haute-Savoie
Depuis le début de l’invasion russe, des images de guerre sont diffusées à la télévision ou sur les réseaux sociaux. Ce conflit inquiète, interroge jusque dans la cour de récréation. Pour autant, doit-on parler de la guerre aux enfants ou au contraire les protéger ?
La guerre en Ukraine s’intensifie au 62ème jour du conflit. En Europe, cette guerre inquiète et questionne aussi les plus petits. "Les enfants s’interrogent les uns les autres pour savoir si en cas de conflit, ils ont de quoi se protéger", observe Stéphanie Minez, cheffe d'établissement de l'école Saint-Roch au Havre. Raconter la guerre aux enfants, c’est choisir le mot juste, car "leurs interprétations sont parfois pires que la réalité", ajoute-t-elle. Dans la presse jeunesse, "on passe beaucoup de temps à essayer de trouver la bonne manière de présenter la guerre. On réfléchit au sens des mots", explique Delphine Saulière, directrice des magazines de moins de 12 ans à Bayard Jeunesse. Il faut veiller "à la vérité des mots pour expliquer les faits et donner un contexte historique". Afin de protéger leurs enfants, certains parents sont tentés de tout éteindre. Une mauvaise idée pour Delphine Saulière : "surprotéger, c’est faire courir certains risques aux enfants".
Pour éviter que les enfants se créent un imaginaire faussé, Louis-Marie Piron, délégué général aux relations internationales et européennes à l'Enseignement catholique conseille "d'échanger avec les enfants en partant de ce qu’ils ont vu et vécu et parfois, de ce qu’ils fantasment. Il y a des mots qui sont importants à employer". C'est également ce que constate Stéphanie Minez : "il est important de parler à hauteur d’enfant, sans être alarmiste, ni faussement rassurant. On doit dire la vérité avec des mots simples".
En temps de guerre, les images racontent autant que les mots mais peuvent parfois susciter des questions voire heurter la sensibilité des plus jeunes. Durant ce conflit russo-ukrinien, une photo circulait d’une petite fille en couche culotte sur laquelle les coordonnées de sa mère étaient inscrites sur son dos. Pour Delphine Saulière, "il faut expliquer pourquoi cet enfant a ce numéro noté dans le dos. Il faut créer un lien avec l’inquiétude des parents. C’est un besoin naturel pour un parent d’assurer la protection de ses enfants".
En revanche, la cruauté des images dépassent parfois l’entendement et peuvent être plus difficilement explicables. "Dans le cadre du Parcours Espoir Irak lancé par l'Enseignement catholique en 2014 pour les chrétiens d'Orient, à aucun moment nous présentions des images", précise Louis-Marie Piron. Mais alors comment se représenter la guerre lorsque les photos sont trop violentes ? Pour la directrice des magazines Bayard Jeunesse "l’illustration permet de construire un message plus informatif. L’image explique mieux, là où là photo est un instantané".
Pour tenter d’expliquer ce conflit, des ressources pédagogiques existent et sont mises à disposition du personnel enseignant comme "des livres, des albums, des goûters philosophiques sur la guerre et la paix", énumère Stéphanie Minez. L'école joue un rôle essentiel dans la compréhension du conflit. Mais ce qui est primordial, c’est l’attitude : "il faut veiller au regard, au geste et éviter de transmettre les inquiétudes".
Les adultes sont aussi responsables dans la transmission du savoir. "Le rôle des enseignants est de rassurer, de ramener une sécurité sans pour autant éluder la question. On a proposé deux documents pour expliquer la violence du monde et la genèse des conflits". La presse jeunesse propose par exemple des cartes ludiques pour appréhender et expliquer le conflit.
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