6 000 chrétiens ont signé une tribune publiée mardi 18 juin par le quotidien La Croix appelant à voter contre le Rassemblement National aux élections législatives du 30 juin et 7 juillet. Ensemble, ils proclament : “Au nom de notre foi, nous voterons contre l'extrême droite". Guillaume Rossignol, directeur du service jésuite des réfugiés en France, JRS France, a signé la tribune. Il revient sur ce qui motive sa prise de position.
Le JRS est un mouvement d'inspiration chrétienne porté par les jésuites qui lutte contre l’isolement et l’exclusion sociale des demandeurs d’asile et des réfugiés à travers le monde. “Il y a beaucoup de chrétiens engagés ainsi que des personnes d'autres religions, notamment des personnes exilées et des athées”, décrit le président du pôle français. La diversité religieuse des membres explique que JRS France n’ait pas signé la tribune chrétienne, en tant qu’institution. Seulement certains ont participé à titre personnel.
“J'ai signé parce que je me retrouve dans beaucoup d'éléments. En particulier, la porte d'entrée sur l'amour. Aujourd'hui, notre société reste humaine à travers l'amour qui est donné et reçu”, confie Guillaume Rossignol. C’est par son expérience au contact des migrants qu’il a choisis de s’opposer aux idées du Rassemblement National. “Ces expériences au JRS me changent, me transforment, mais elles me transforment en un nous plus grand. Elles ne me transforment pas en me prenant des choses.”
Le caractère chrétien de la tribune en fait son originalité. Si les risques d’instrumentalisation de la religion existent, “je suis partisan de dire qu'on ne peut pas dissocier la foi et la politique” avance le président du JRS. Toutefois, il convient d’être prudent, rappelle-t-il, “parce que la foi, touche à l'intime et donc au respect de chacun”.
Ces expériences au JRS me changent, me transforment, mais elles me transforment en un nous plus grand. Elles ne me transforment pas en me prenant des choses.
Le Rassemblement national a fait de la lutte contre l'immigration un de ses trois thèmes de campagne. Pour Guillaume Rossignol, l’inquiétude des Français concernant l’immigration est compréhensible : “Quand on accueille une personne étrangère, on rencontre quelqu'un qui est différent, dont on ne partage pas le mode de vie, qui a vécu une autre histoire. Et ça peut créer des peurs.”
Son expérience au JRS lui apprend que la rencontre avec l’autre transforme, mais que “cette transformation n'est pas mauvaise. Elle nous fait grandir, nous apprend et nous humanise” avance-t-il.
“Le sujet de l’immigration peut servir de bouc émissaire de l'ensemble des difficultés de la société” observe Guillaume Rossignol. Il dément l’idée selon laquelle les réfugiés “prennent tout le travail". Pour lui, cela résulte d’une “grosse incompréhension", puisque “d'un point de vue strictement économique, on a vraiment besoin de main-d'œuvre” assure-t-il. JRS France est d’ailleurs favorable à l'accès au travail des demandeurs d'asile, son président considère cette mesure comme “un vrai tremplin d’intégration”.
Malgré sa prise de position, il invite à respecter la liberté d’opinion. “Si on veut bâtir un monde en commun, il faut accepter de reconnaître qu'on ne détient pas seul une vérité universelle”.
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