Handicap. Des aides enfin déconjugalisées

L’AAH, si on doit la résumer, est une sorte de revenu minimum que peuvent toucher des personnes en situation de handicap. Pour pouvoir en profiter, il existe des critères précis comme, par exemple, avoir un taux d’incapacité d’au moins 80%, et puis d’autres qui concernent l’âge, la résidence ou encore les ressources.

Et c’est bien là où se situait le nœud du problème. Le calcul du versement de cette aide était basé, si la personne était en couple, sur les revenus de l’individu en situation de handicap et de son conjoint. Une situation ubuesque pour Catherine Frémy Lefeuvre, représentante départementale de l’association APF France Handicap à Angers.

Imaginez juste une seconde. Vous vivez avec un cadre supérieur ou je ne sais pas, un directeur par exemple. Et là on vous dit : vous vivez avec quelqu’un qui gagne bien sa vie, donc non seulement vous allez devoir travailler, mais en plus vous ne serez pas rémunéré !

Pour toucher cette AAH, au 1^er juillet 2023, il ne fallait pas cumuler plus de 21 000 euros annuels pour un couple sans enfant et pas plus de 11 856 euros pour une personne seule. Avec des conséquences graves pour les personnes concernées.

Ce mode de calcul était excluant pour de nombreuses personnes. Et sans cette aide, vous ne pouvez compter que sur votre conjoint pour vous faire vivre. C’est pour ça que certains ont fait le choix de ne pas se mettre en couple, de ne pas vivre ensemble, car c’était trop pénalisant.

 

Cette déconjugalisation, réclamée depuis des années par les associations a été votée par les parlementaires en 2022 et est officiellement entrée en vigueur début octobre.

Côté chiffres : en Maine-et-Loire, la CAF verse l’AAH à 2 700 bénéficiaires en couple, et d’après les estimations, plus de 700 d’entre eux pourraient commencer à percevoir cette aide, au moins partiellement. Plus de 900 verraient leur allocation augmenter. Précision importante, ce nouveau calcul ne sera en aucun cas fait en défaveur du bénéficiaire.

 

Un changement perçu comme une véritable victoire pour de nombreux nouveaux bénéficiaires. C’est le cas d’Adeline, habitante des Ponts-de-Cé. Adeline est touchée par une sclérose en plaque depuis dix-sept ans et doit se déplacer en fauteuil roulant dès qu’elle sort de chez elle. Ses revenus liés à l’AAH étaient très variables selon les mois, ce qui ne sera plus le cas désormais.

Cumulé avec ma pension d’invalidité, je vais toucher un peu plus de 900 euros désormais. Et surtout, ce sera un montant fixe ! Maintenant, j’ai l’impression de compter comme une vraie personne. Je suis indépendante financièrement, autonome, même si avec ces 900 euros je sais que je ne pourrais pas avoir un crédit pour la maison ou tout assumer. Mais aujourd’hui, avec mon conjoint, je partage déjà le budget courses pour nous et notre enfant.

 

Une autre question se pose désormais : le montant de l’AAH. Une allocation qui, à taux plein, culmine à 971€, en dessous du seuil de pauvreté….