Tous les corps sociaux s’en emparent, politiques, syndicats, associations. Mais les premiers acteurs de cette transformation, c’est chacun de nous, et les personnes handicapées ont quelque chose à dire en la matière. « Nous avons toujours été sensibles à l’écologie, le handicap nous a fait accélérer ». Ces mots sont de Benoît, papa de Bosco, autiste, dans le dernier numéro de la revue Ombres & Lumière. On y trouve un dossier passionnant sur « Ecologie et handicap » autour de cette question étonnante : « Et si les personnes handicapées et leurs proches étaient précurseurs en termes d’écologie ? »
Souvent, le handicap est d’abord une invitation à consentir au temps lent : « Me lever, marcher, m’asseoir, tout prend du temps – témoigne Cécile, handicapée moteur – Je suis sans cesse obligée de poser des choix, d’aller à l’essentiel ». La jeune femme ajoute : « Ce que je considère comme une faille exaspérante, cette lenteur qui s’impose à moi, est peut-être l’un des meilleurs terreaux qui me soit donné pour grandir ». Beaucoup de parents d’enfants handicapés ont pu faire l’expérience d’un changement de vie radical, quand le handicap de leur enfant a fait irruption ! Trouver un cadre de vie ajusté au besoin de l’enfant, adopter une alimentation saine qui lui convienne, se mettre au rythme que le handicap impose, renoncer à une carrière parfois … autant de contraintes souvent douloureuses, presque violentes, qui peu à peu se sont transformées en un mode de vie apaisé. Ainsi les parents de Gabin, lourdement handicapé qui ont fait le choix d’un travail à temps partiel : « Passer du temps avec lui - témoignent-ils - cela lui fait du bien et fait du bien à notre famille. On gagne moins d’argent, on doit faire des choix, mais cela ne nous manque pas. Gabin a été le moteur d’une vie vraiment joyeuse et plus sobre ».
« Sobriété – frugalité – simplicité – limite - rencontre », voilà les mots clefs de ce dossier, qui, à lire les témoins, conduisent étonnamment à la joie : comme si l’expérience de fragilité pouvait ouvrir à un rapport apaisé à soi-même, à l’autre, à la nature. : « Quand on ne reconnait pas la valeur d’un pauvre, d’un embryon, d’une personne en situation de handicap, on écoutera difficilement les cris de la nature elle-même. Tout est lié. » Ces mots sont du Pape François dans Laudato Si. Ce dossier d’Ombres et Lumière nous aide à comprendre ce lien entre fragilité humaine et fragilité de la nature. Une invitation à prendre soin de l’une et de l’autre, en nous mettant à l’école des plus fragiles avec la joie en prime. Un bon programme pour cette année qui démarre, non ?
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