Les balles et les bombes continuent de tomber dans le Caucase. Depuis un mois, le conflit a repris entre l’Azerbaïdjan et les Arméniens du Haut-Karabakh. Un conflit vieux de près de 30 ans pour ce petit territoire enclavé en Azerbaïdjan qui s’est auto-proclamé indépendant en 1991. Depuis un mois, près de 5000 personnes sont mortes selon Vladimir Poutine, qui souhaite une trêve.
La religion joue un vrai rôle dans le Caucase. L’Arménie est la première nation à avoir adopté le christianisme comme religion d’État. Un christianisme omniprésent dans le pays et particulièrement en temps de guerre.
"Karabakh" signifie littéralement "jardin noir". Et cela plante le décor : des milliers de morts en quelques semaines. Parmi eux, des militaires et des civils. "Je pense à ce jeune soldat qui est mort sur le front. J'ai visité sa maman, son épouse et les deux petits enfants. Là c'était trop dur d'entendre leur douleur", confie René Leonian, pasteur pour l’Église évangélique arménienne, qui revient d’Arménie où il a rencontré plusieurs familles meurtries.
Un couteau dans la paix envoyé une nouvelle fois par l’Azerbaïdjan. Une cathédrale arménienne historique dans le Haut-Karabakh a été touchée deux fois par des bombardements. Des civils et des journalistes ont été touchés. Les vitraux de la cathédrale ont été soufflés, les bancs de prières renversés, le toit percé. L’Azerbaïdjan a attaqué un symbole. "Ça a choqué tout le monde. Ils ont attaqué directement la cathédrale où il y avait des enfants et des vieillards", regrette Rosa, qui a des origines karabakhiotes.
"Nous n’avons rien à voir avec ces bombardements", a assuré le ministère de la défense de ce pays. Selon eux, l’armée ne vise pas les bâtiments historiques, et tout particulièrement religieux. Alors est-ce un conflit religieux derrière cette guerre territoriale ? "Le facteur religieux est largement utilisé pour monter les gens les uns contre les autres mais sinon ce n'est pas une guerre de religions", répond René Léonian, le pasteur de l’église évangélique arménienne qui a été aussi consultant à la présidence du Haut-Karabakh.
Et quand certains utilisent les religions pour diviser, les Églises s’unissent. René Léonian a rencontré plusieurs responsables des ces courants chrétiens. "Les Églises se sont beaucoup mobilisées, trouvent des lieux d'accueil. J'ai vu un grand mouvement de prière", explique-t-il.
Les Églises et ses pasteurs permettent d’apaiser les familles chrétiennes, de leur venir en aide lorsque c’est nécessaire. Un rôle bien sûr important en zone de guerre mais aussi en France, à plus de 4000 kilomètres du conflit, à Valence, dans la Drôme. 10% de la population locale est d’origine arménienne. C’est une des plus grosses communautés de France.
Beaucoup d’entre eux ont des amis ou de la famille potentiellement en danger. Antranik Maljian est prêtre de l’Église apostolique arménienne. Il a organisé une veillée de prière avec les différentes Églises de Valence. "Nous nous sentons seuls et déplorons le manque de réaction des autorités internationale. Mais nos cœurs ont été embaumées lorsque nous avons vu cette nombreuse assistante réunie ici", raconte-t-il.
Les Églises arméniennes valentinoises ont aussi appelé le Pape et les Catholiques à soutenir les Arméniens du Haut-Karabakh. Les Catholiques représentés par l’évêque de Valence, Pierre-Yves Michel, qui présidait cette veillée de prière. "Il n'y a pas que les déclarations médiatiques mais aussi une action diplomatique qui prend du temps. Il faut pas oublier cette dimension là aussi", assure Pierre-Yves Michel.
La veillée de prière se termine par un message fort : "Nous vaincrons". Un message d’espérance du peuple arménien. Pour que les jardins noirs du Haut-Karabakh se verdissent, couleur d’espoir.
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