
L’administration Trump a coupé plus de 90% des crédits de l’USAID. L’agence des Etats-Unis pour le développement international est le plus gros contributeur mondial dans le secteur de l'humanitaire. Cette décision entraine donc l'arrêt brutal de milliers de programmes dans le monde y compris d'ONG françaises. Les conséquences pourraient être catastrophiques.
Dès son investiture le 20 janvier, Donald Trump, avait gelé les fonds de l’USAID pour une durée de 90 jours. Le 7 février, un simple mail annonçait la mise en congé administratif des personnels de l'agence américaine pour le développement international fondée sous John Kennedy. Saisie de ce cas, la Cour suprême avait suspendu le gel de ce budget avant de statuer sur le fond. Mais le 26 février Marco Rubio, le secrétaire d’Etat a coupé définitivement plus de 90 % des crédits.
Or, cette agence représente 42 % du budget de l’aide humanitaire mondiale, soit un environ 41 milliards d’euros par an. Les ONG Françaises sont pour certaines très impactées par ce retrait américain. "A peu près, 36 % de notre budget était issu de l’USAID" explique Kevin Goldberg, directeur de Solidarités international et vice-président de Coordination Sud, regroupant 180 ONG françaises d’aide humanitaire et de développement. "Ça représentait 120 millions de dollars, soit 30 % de nos financements publics" ajoute de son côté Elodie Andrault, directrice des opérations d’Action contre la faim. D’autres ONG comme Handicap International ou Médecins du Monde sont également touchées par l’arrêt de ces financements américains.
Depuis l’annonce initiale de cette suspension, l’administration Trump avait informé les organismes de rares exemptions pour des activités de besoins vitaux, mais cela n’a fait qu’alimenter la confusion avec des exemptions pour certains pays et pas d'autres.
Face à cette situation, les ONG concernées sont contraintes de réduire la voilure. Chez Action contre la faim, 50 programmes dans 20 pays ont été arrêtés comme celui destiné à traiter des enfants victimes de malnutrition aiguë sévère en République démocratique du Congo. "On estime qu'il y a plus de 800 000 enfants que nous ne sommes plus en position de prendre en charge. Il n'y a pas d'autre alternative pour eux. Donc ça veut dire que ces enfants vont mourir. C'est une catastrophe" alerte la directrice des opérations d’Action contre la faim. Partout, dans le monde, l’arrêt de ces dispositifs met en danger des bénéficiaires dans la lutte contre la faim, la santé avec notamment des programmes de traitements du Sida, mais aussi des programme d’éducation ou de développement.
Les montants apportés par l’USAID étant considérables aucun pays seul ne pourrait prendre le relais d’autant qu’en "Europe aussi l’aide au développement a subi des coupes" rappelle Elodie Andrault."La France l’a réduit cette année de 2 milliards d'euros. On a aussi eu des annonces faites par les Allemands et l'Angleterre. On appelle vraiment l'Europe à se saisir de ce dossier, parce qu'on est à un tournant assez historique sur l'effondrement du système humanitaire au global" poursuit-elle. Même si d’autres ONG ne dépendent pas de l’USAID et peuvent donc poursuivre leur activité, c’est une rupture qui est en train de s’opérer dans l’humanitaire. Pour Kevin Goldberg "il va falloir repenser le modèle de financement en se tournant vers de plus en plus vers des acteurs privés". Cette situation totalement inédite intervient alors que les besoins humanitaires n’ont jamais été aussi importants. Depuis 2016, ils ont été multipliés par trois avec la répétition des conflits et des crises notamment la crise climatique.
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