Après les nombreux faits divers impliquant des adolescents violents, le gouvernement a annoncé des mesures pour les réeduquer. Aujourd'hui, le président de la République reçoit un rapport sur l'une des causes de cette hausse de violence, selon Jean-Marie Petitclerc, invité de la Matinale de RCF, sur l'exposition des jeunes aux écrans.
La Voix du Nord titre son édition du jour "Enfants et écrans : un rapport alarmant". Le journal publie en avant-première un rapport sur l'exposition des jeunes aux écrans ce mardi 30 avril. Le président de la République, Emmanuel Macron, a commandé ce rapport et le reçoit dans la journée. Celui-ci chiffre à 56 minutes et 1h34 quotidiennes passées devant l'écran pour des enfants de 2 et 5 ans. De son côté, Jean-Marie Petitclerc, expert des questions d'éducation dans les zones sensibles, annonce que "les collégiens passent plus de temps devant un écran qu'à l'école". Il a aussi remarqué un "rajeunissement" des émeutiers de 2023, en comparaison avec 2005.
Éducateur spécialisé depuis les années 80, l'invité de la Matinale a toujours vu des bagarres. Cependant, celles-ci se sont aggravées, déplore-t-il : "Lyncher des jeunes à terre nous interpelle de manière profonde". Et s'expliquent par une "dynamique de groupe". Des "études canadiennes" identifiaient ainsi les auteurs de ces violences, "à la peine pour se faire reconnaitre pour ses qualités et talents". Derrière cela, l'idée d'"écraser l'autre est utilisée pour prouver qu'on existe", a lu l'éducateur spécialisé.
Ce sont plus précisément certaines images vues sur ces écrans qui posent problème pour le prêtre salésien : "Dans le virtuel, les images violentes dont ils se nourrissent souvent (montrent) une violence sans souffrance. On ne perçoit ni la souffrance de la victime, ni celle de son entourage". Et ces images ont des conséquences sur l'empathie des jeunes, c'est-à-dire sur leur capacité à se mettre à la place de l'autre, estime-t-il : "Ces écrans jouent un grand rôle dans cette destruction de l'empathie, de la capacité de percevoir la souffrance". Ainsi, il déplore que "lorsque cette perception n'a plus lieu, il n'y a plus rien qui fait obstacle à la violence".
Comme la capacité de gérer un conflit sans violence s'apprend, Jean-Marie Petitclerc affirme qu'"il faut éduquer les plus jeunes à avoir une forme d'empathie et d'intelligence sociale".
Face à la hausse de violences causées par des mineurs, Gabriel Attal a annoncé vouloir "responsabiliser les parents démissionnaires" le 18 avril. Cependant, il oublie aussi que "beaucoup de parents sont démissionnés par la société", complète le prêtre salésien. C'est-à-dire auxquels le "processus d'identification" des enfants, et surtout des garçons, est compliqué, précise-t-il : "On voit des garçons en grande difficulté dans le processus de construction de leur identité masculine à cause de cette absence de modèle d'identification masculin". Parfois parce que le père est absent, et d'autres car il est au chômage.
La principale solution face à la violence a été présenté par le gouvernement : ce sont les internats. Depuis ses annonces, le Premier ministre Gabriel Attal est déjà allé à la rencontre d'adolescents dans l'un d'entre eux. Cette solution ne paraît pas tout à fait pertinente pour Jean-Marie Petitclerc : "Qui va les encadrer ? Aujourd'hui on a un véritable problème de formation des éducateurs, de recrutement. On a beaucoup de peine à trouver des éducateurs en capacité de faire face et d'encadrer ces jeunes".
Il espère plutôt une "réponse beaucoup plus globale" et aimerait qu'un travail soit fait "en partenariat avec la famille", afin d'accompagner les jeunes comme les parents. "Il faut conjuguer ces deux travaux pour, effectivement, essayer d'avancer dans la prévention", explique-t-il.
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