Même la Tour Eiffel va devoir s’éteindre un peu plus tôt désormais, à 23h45 au lieu d’1h du matin. C’est ce que propose la mairie de Paris pour réaliser des économies d’énergies. Ces économies, l’exécutif français les demande à tout le monde : entreprises comme particuliers. La crise énergétique inquiète partout en Europe. Thierry Bros, professeur à Sciences Po et spécialiste des questions énergétiques, était l'invité de la matinale RCF.
L’Ukraine annonce avoir subi d’importantes coupures d’électricité et d'eau, qu’elle impute à la Russie. Des coupures qui pourraient être des représailles alors que les forces ukrainiennes avancent à l’est du pays. "L’électricité, comme le gaz, sont des armes utilisées par Vladimir Poutine pour faire avancer sa guerre", commente Thierry Bros.
Des coupures qui inquiètent tout autant en France. "Pour passer un hiver serein, il faut un stock rempli, ce que nous avons. Mais il faut ensuite des flux d’approvisionnement de gaz de la Russie et ces flux-là vont manquer", explique le spécialiste, rappelant qu’un tiers du gaz est utilisé pour se chauffer.
Il pourrait donc y avoir des coupures cet hiver, notamment de gaz chez les industriels. "Un tiers du gaz est utilisé pour l’électricité. Donc si à un moment nous n’arrivons pas à équilibrer le réseau électrique, nous serons dans l’obligation d’arrêter l’électricité pendant quelques heures sur une région", affirme Thierry Bros.
Selon lui, "la seule solution durable est que les industriels mettent en place des moyens de production supérieurs". "Il va falloir que le narratif politique vis-à-vis de l’énergie change. Les industriels n’ont pas conçu les moyens de production pour consommer plus. Il va falloir que les politiques reconnaissent que la transition énergétique c’est consommer plus d’électricité et donc que EDF mette en place les investissements pour générer plus d'électricité", estime-t-il. Aujourd'hui 32 réacteurs sur 56 sont à l'arrêt en France.
Pour Thierry Bros, il est impératif d'aller vers l'indépendance énergétique. Il faudra trouver la méthode. "Remplacer les centrales nucléaires qui marchent tout le temps par du renouvelable qui ne marche que de temps en temps ça ne fonctionne pas. L’indépendance par le nucléaire ne se fera, si on construit d’autres centrales, qu’à l’horizon 2040. Il faut à présent continuer à utiliser des énergies conventionnelles comme le gaz", détaille-t-il.
Il faut aussi selon lui changer de vocabulaire en insistant sur l'urgence climatique. Mais il reste conscient que "ce qui inquiète plus les citoyens c’est l’urgence énergétique" et que les dirigeants politiques "ne sont pas capables de se concentrer sur trois urgences en même temps" : économique, géopolitique et climatique.
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