Depuis 2020, l'association du Tétras Libre a investi une grande bâtisse, près de Chambéry. Bénévoles et salariés y soignent les animaux sauvages retrouvés blessés en Pays de Savoie et en Isère. Objectif de ce centre de sauvegarde de la faune sauvage : requinquer puis relâcher corneilles, lièvres, blaireaux, renards ou autres chevreuils.
"Bonjour, que puis-je faire pour vous aider ?" Eliott, en service civique, gère sans hésiter la ligne téléphonique du Tétras Libre. "J'oriente les personnes qui trouvent un animal sauvage blessé. Parfois, nous leur recommandons d'aller tout de suite chez le vétérinaire. Dans d'autres cas, il est préférable de nous les amener" explique le jeune homme. En ce moment, au Centre de Sauvegarde de la Faune Sauvage des Pays de Savoie, une centaine d'animaux de différentes espèces sont bichonnés. "Au printemps, cela peut être beaucoup plus !" souligne Eliott. L'équipe du Tétras Libre réussit sauver et relâcher la moitié de ses protégés. D'ailleurs, demain, 5 animaux seront relâchés. Aujourd'hui, un bénévole vient embarquer 5 corneilles pour les convoyer vers un autre centre de soin, dont les volières correspondent mieux à leur besoin.
"Il enlève son pansement ce coquin ! " constate Enora, jeune éco-volontaire*. Dans ses mains : un pigeon, dont elle nettoie habilement la plaie. "On chuchote et on leur cache les yeux, pour ne pas les stresser et pour qu'ils nous voient le moins possible. Il ne faut pas qu'ils s'imprègnent de l'Homme, qu'ils créent un de lien avec nous : cela pourrait leur porter préjudice quand ils retourneront à la vie sauvage. C'est vrai que parfois on aimerait faire des caresses... Mais il faut garder cette conscience professionnelle !".
L'eau coule, les gamelles tintent en atterrissant dans l'évier, la porte du frigo est ouverte, puis refermée... La cuisine est une vraie fourmilière : Sarah, Maud et Camille, éco-volontaires, y préparent des gamelles pour carnivores, insectivores et autres régimes. Eric, jeune retraité bénévole, débarque dans une tenue de camouflage : "Je reviens du taquet écureuil ! Quand on les relâche, on les nourrit encore quelques temps, avant qu'ils soient parfaitement autonomes. Avec cet accoutrement, ils n'associent pas la nourriture à l'Homme. Ici c'est mon Arche de Noé, avec une super ambiance entre toutes les générations. Je viens une fois par semaine, j'adore !"
Anouk est l'une des trois soigneuse du centre. Un métier-passion : "Pour obtenir un certificat de capacité, il faut faire ses armes pendant des années. Je suis passée dans plusieurs centres comme bénévole, éco-volontaire, puis en service civique. J'ai mis 5 ans à en vivre" explique t-elle. Aujourd'hui heureuse de la "non-monotonie" de son quotidien, Anouk coordonne les activités de la journée et nous guide sur le terrain attenant à la bâtisse : "Vous avez les volières de rééducation et les box des mammifères. Je vais aller jeter un œil à la blairelle qui a mis bas hier : c'est une surprise, on était sur le point de la relâcher !". Plus loin, on observe deux renards : "Ils ont des problèmes neurologiques et ne pourront sûrement pas retourner à la vie sauvage. Heureusement, on leur a trouvé un refuge".
Le Tétras Libre travaille avec des professionnels du secteur : notamment une vétérinaire et trois ostéopathes, qui prodiguent régulièrement et gracieusement des soins aux animaux sauvages. Aujourd'hui, Gaëlle, ostéopathe, trouve une liste de patients conséquente en arrivant : plusieurs oiseaux, un lièvre, un chevreuil... "J'ai un cabinet dédié aux chiens et chats : le rapport aux animaux sauvages est différent, c'est très intéressant. Je suis heureuse de les aider et d'accompagner l'équipe du centre, qui se démène pour eux".
"500 kilos de nourriture pour cerfs et chevreuils, 120 kilos de croquettes pour insectivores... " Vanille, salariée dédiée à la médiation et aux tâches administratives, travaille sur le rapport d'activité du Tétras Libre. "Nous passons beaucoup de temps à solliciter des subventions et surveiller les dons" note la présidente de l'association, Marie-Sophie. "Nous avons été bien aidés pour les dépenses d'investissement : travaux intérieurs, volières, etc. Le souci, c'est d'avoir des fonds pérennes pour les dépenses de fonctionnement : les salaires, les médicaments, la nourriture... Les animaux qui arrivent au Centre sont blessés par l'humain et ses infrastructures. En soigner le maximum, c'est notre rôle, notre part de Colibri".
*bénévoles qui s'investissent une trentaine d'heures par semaine, en vue de devenir professionnels
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