Vive émotion à Nantes après l’incendie qui a ravagé la cathédrale samedi. Une enquête a été ouverte pour "incendie volontaire" et un homme a été placé en garde à vue, avant d’être relâché.
La cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes a été touchée, samedi matin vers 8h par les flammes, qui ont détruit son grand orgue baroque du XVIIe siècle, les vitraux de la façade dont une partie était des vestiges de vitraux du XVIe siècle, et un tableau d’Hippolyte Flandrin datant du XIXe siècle, "Saint Clair guérissant les aveugles". Il aura fallu une centaine de pompiers, deux lances en action et 45 véhicules pour venir à bout du mur de flammes qui s'échappaient de la verrière de la cathédrale
L’émotion était vive ce week-end chez les Nantais, et bien au-delà. "En allant chercher mon pain, on me dit : il y a le feu à la cathédrale et effectivement les flammes sortaient à la hauteur de la rosace qui est juste derrière le grand orgue, témoigne le recteur de la cathédrale, le Père Hubert Champenois. Nous vivons à nouveau un drame dans la cathédrale de Nantes. J’étais là le 28 janvier 1972 (un feu violent avait entièrement ravagé la toiture d'ardoise et la charpente de l'édifice, Ndlr) et je suis immensément triste parce qu’un élément du patrimoine religieux est une fois encore atteint".
Chez les fidèles domine le sentiment que l’histoire se répète. Paroissien de Notre-Dame de Nantes, dont la cathédrale fait partie, Emmanuel raconte avoir vécu cela "presque comme un cauchemar". "On a le sentiment que l’histoire se répète sempiternellement, on est démunis face à ce type de drame et sans que les dégâts soient majeurs, c’est regrettable", réagit-il.
Le grand orgue, un joyau gothique du XVIIème, a été entièrement détruit par les flammes. Etienne Ferchaud, directeur de l’association Musique sacrée et de la maîtrise de la cathédrale de Nantes est encore sous le choc. "Il ne reste rien du grand orgue, c’est une situation quasiment irréelle, c’est un patrimoine immense qui disparait avec un buffet d’orgue qui était magnifique, des batteries de tuyaux qui avaient été fabriquées par l’un des plus grands facteurs d’orgue à la fin du XVIIIème siècle. C’est très choquant et pour nous les musiciens qui faisons vivre ces instruments toute l’année, de grandes questions vont se poser : où va-t-on jouer ? Où va-t-on faire de la musique ? Que va devenir cette cathédrale sans ses instruments?"
Le Père François Renaud, en charge d'administrer le diocèse dans l’attente de la nomination imminente du nouvel évêque, déplore aussi la situation, au micro des journalistes de Radio Fidélité à Nantes : "On se faisait une joie d’accueillir un nouvel évêque dans cette cathédrale, de l’installer. Vous vous rendez compte qu’un nouvel évêque va arriver et ne pourra pas accéder à sa cathédrale ?"
Dans un communiqué, la Conférence des évêques de France a rappelé que c’est "non seulement une part du patrimoine religieux qui est détruit mais aussi un symbole de la foi catholique qui est entamé, blessant le cœur de toutes celles et tous ceux pour qui ces édifices sont des lieux de prière, des refuges spirituels, des repères pour leur foi". L’Eglise catholique qui travaille avec les pouvoirs publics pour que les édifices religieux soient mieux sécurisés. " Nous travaillons avec les pouvoirs publics pour la sécurisation des cathédrales puisqu’elles appartiennent à l’Etat français et que le diocèse en est affectataire. A Nantes, on voit bien par exemple qu’il n’y a pas eu de détecteur, ni de fumée, ni de début d’incendie, ni de court-circuit éventuel qui ait fonctionné puisque ce sont des passants qui ont donné l’alarme en voyant de la fumée sortir. On voit bien qu’on a encore beaucoup à faire et le Président de la République a évoqué ce sujet-là pour qu’on puisse le travailler de manière extrêmement précise et technique", explique le Père Thierry Magnin, porte-parole des évêques.
Au cours d’un entretien téléphonique avec Emmanuel Macron ce week-end, le Président de la Conférence des évêques de France, Mgr Eric de Moulins-Beaufort a ainsi rappelé qu’il était urgent de mettre en oeuvre le plan de sécurité évoqué lors de l’instance de dialogue entre le gouvernement et l'Eglise catholique à l’Hôtel de Matignon le 9 mars dernier.
Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a annoncé que l’Etat prendrait en charge la restauration de la cathédrale : "C'est une obligation pour l'Etat parce que c'est sa propriété, c'est une obligation parce que c'est notre culture, donc nous répondrons présents", a-t-il déclaré.
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