"Entre juillet et août de cette année 72.843 départs de feu ont été enregistrés au Brésil contre 39.759 pour la totalité de 2018. En huit mois on a fait presque deux fois plus qu'en 12 mois l'an dernier", décrit Mgr Emmanuel Lafont. Alors que de violents incendies dévastent des milliers d'hectares en Amazonie, les évêques du conseil épiscopal latino-américain (Celam) viennent de publier un communiqué. Pauline de Torsiac s'entretient avec l'évêque de Cayenne, à quelques semaines du synode sur l'Amazonie.
"Si l’Amazonie souffre, le monde entier souffre", déclarent les évêques d'Amérique latine et des Caraïbes, dans un communiqué en date du 22 août 2019. Ils invitent les gouvernements à réagir : "Nous pressons les gouvernements des pays amazoniens, tout particulièrement le Brésil et la Bolivie, les Nations unies et la communauté internationale, de prendre une série de mesures pour sauver le poumon du monde. Ce qui se passe en Amazonie n’est pas une affaire locale mais de portée mondiale."
Dans ce communiqué, les évêques du Celam expriment aussi leur solidarité avec les populations victimes de ces incendies. "C'est dramatique, parce que c'est la faune, c'est la flore, ce sont les peuples qui y habitent et qui voient leur territoire partir en flammes sans qu'on puisse faire grand chose", commente l'évêque de Cayenne.
Ces drames interviennent alors que se prépare le synode sur l'Amazonie. Du 6 au 27 octobre 2019, les évêques du monde entier seront réunis pour réfléchir au thème : "Amazonie, de nouveaux chemins pour l'Église et pour un écologie intégrale". Pour Mgr Lafont, ce synode est d'abord l'occasion pour l'Église catholique de reconnaître que l'on peut poser "un regard contrasté sur l'évangélisation qui est venue avec la colonisation". Pour l'évêque de Cayenne, "il faudra d'ailleurs que, et pas seulement l'Église mais la société civile internationale, ait un tout nouveau regard sur ces dimensions de colonisation dont nous croyons qu'elles ont apporté la civilisation".
Si "ce synode permet aux Amérindiens et aux Afro-américains de dire leur part de vérité sur ce qui s'est passé dans leur histoire", il met aussi en lumière les "énormes attentes" de ces populations à l'égard de l'Église, "dont ils savent que c'est l'une des rares institutions qui a une liberté et une puissance de parole que peu d'autres institutions égalisent".
Mgr Lafont insiste sur l'engagement qui doit se faire à tous les niveaux, "personnel, régional, national et intenational". Sans attendre l'action des grandes puissances - "c'est nous qui allons changer les grandes puissances", dit-il - il encourage chacun à "radicalement transformer notre manière de vivre". C'est-à-dire changer notre façon de consommer de l'eau et de l'électricité et repenser nos modes de transport. L'évêque de Cayenne confie que depuis un ans, il roule à 80 km / h. "Tout le monde se moque de moi, mais j'épargne 15% d'essence, je poullue moins, j'épargne de l'argent que je peux donner, je respecte mieux la vie et je suis moins un danger pour les autres."
Mgr Lafont recommande à chacun de "relire l'encyclique Laudato Si'" et "de voir ce que le pape demande à chacun de nous de faire". Pour l'évêque, porter un regard spirituel sur la nature va nous "conduire" à changer nos modes de vie. À adopter "une attitude eucharistique, c'est-à-dire que ce que nous avons, ce que nous sommes, ce qui nous entoure, cet environnement dont nous tirons la vie, nous devons remercier [Dieu] pour tout cela et cela nous conduit à une attitude frugale".
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !