L’attaque hors norme du Hamas va laisser des traces dans l’histoire d’Israël. Le bilan humain effroyable est inédit et s'accompagne d’une prise d’otage géante. De nombreuses questions se posent sur l'échec des renseignements israéliens à anticiper cette offensive terroriste.
Ce nouveau conflit va durablement traumatiser la société israélienne, 50 ans après le début de la guerre de Kippour. « Il n’y a pas d’équivalent dans l’histoire israélienne. Ce qui s’est passé est bien pire que la guerre de Kippour, car ces attaques ont eu lieu sur le sol israélien dans les frontières de 1948, en visant majoritairement des civils » souligne Vincent Lemire, historien et directeur du Centre de recherche français à Jérusalem. A l’échelle israélienne, le bilan est considérable, avec ce mardi plus de 900 morts. « Il faut multiplier par 10 pour comprendre. Cela permet de mesure l’impact psychologique sur la population israélienne » ajoute l’historien.
En plus d’un bilan humain civil extrêmement lourd, l’Etat hébreu est aussi confronté, pour la première fois, à une prise d’otage de masse. Selon les autorités israéliennes, au moins une centaine de personnes ont été capturées par les miliciens du Hamas et emmenés à Gaza. Hommes, femmes et enfants, ces otages représentent pour le mouvement islamiste, une monnaie d’échange de choix, mais aussi un bouclier humain. « Cela complique la riposte de l’armée israélienne, car il faut localiser précisément les otages pour préserver leur vie » explique le général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la revue Défense Nationale.
L’armée a annoncé lundi avoir repris le contrôle des zones investies samedi par les terroristes. Elle poursuit ses opérations de représailles avec des frappes aériennes sur Gaza. Mais Tsahal et les services de renseignements ont été pris en défaut comme rarement au cours de leur histoire. Un raté qui rejaillit sur le Premier ministre Benjamin Netanyaou, son gouvernement, ses alliés de l’extrême droite et des partis ultra religieux. « C’est une faillite politique, une faillite de l’armée, des services de renseignements, et du système de sécurité dans son ensemble » souligne Frédéric Encel, géopolitologue, enseignant à Science Po Paris.
D’anciens hauts responsables du renseignement israéliens avaient alerté en secret puis publiquement en juillet sur un risque de vulnérabilité inédit depuis 1948. Le déploiement de l’armée pose question à l’occasion de plusieurs fêtes religieuses. « Une partie des troupes était en Cisjordanie, occupé à protéger les exactions de colons alimentée par les discours des ministres extrémistes du gouvernement » relève Frédéric Encel. Selon le général Jérôme Pellistrandi : « 50 % des soldats étaient en permission. Historiquement pour les fêtes religieuses ce n’était que 10 %, mais les partis politiques extrémistes ont poussé pour l’allongement des permissions ».
Ce lundi, le ministre de la Défense israélien a annoncé un « siège complet » de la bande de Gaza, où vivent 2,3 millions de personnes, ni eau, ni électricité, ni gaz. Le Hamas répond qu’il n’y a « aucune négociation possible ».
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