A travers ses nombreux films, Jean-Pierre Améris ne cesse d'explorer les difficultés que peut éprouver un individu à s'adapter à la vie en groupe. Les autres, c’est bien connu, étant toujours l'enfer... Laurent a la cinquantaine un peu usée, il travaille dans un cabinet d'architecte où il se fait pourrir par son patron. Sa vie conjugale n'est pas très harmonieuse et un jour, ''aie'', il se coince le dos.
C'est parti pour toute une série de rendez-vous chez le médecin, l’ostéopathe et toutes sortes de rebouteux. Le ton est à la comédie, on rit bien sûr de ces situations qu'on a tous connues, où comme Laurent, on doit affronter l'humiliation de se mettre nu, et dans des positions étranges, devant des inconnus et entendre une brochette de diagnostics, souvent contradictoires.
Mais pour Laurent, de salle d'attente au décor ubuesque en table d'examen inconfortable, il devient clair quà défaut de soulager son mal de dos, on le renvoie à ses problèmes existentiels. Sa vie de couple, son travail, il va falloir prendre à bras le corps cette douleur pour la contourner.
Le scénario du film est inspiré d'un roman de David Foenkinos. Lorsque Jean-Pierre Améris l'a lu, il a vraiment pensé que ce livre était écrit pour lui et qu'il décrivait parfaitement ce qu'il ressentait, lui qui a toujours mal au dos. Le romancier a laissé au réalisateur toute liberté pour transformer le roman en film.
Le choix des acteurs est judicieux et c'est Eric Elmosnino qui interprète le personnage principal, avec beaucoup de talent. Il se transforme en petit bonhomme insignifiant et mal coiffé, que la douleur rend bancal. C'est un gentil, un timide qui n'ose pas se plaindre ni s'aventurer là où il n'est jamais allé. Autour de lui, le réalisateur construit un monde à la fois réaliste et décalé, un monde plus doux et plus joli, qui va bien avec le rythme de la comédie.
Autour de Laurent, les autres personnages ont un petit grain de folie qui les rend attachants. Je pense notamment à cette artiste qui peint des bouches immenses et effrayantes et qui ne comprend pas pourquoi ses amis n'en veulent pas dans leur salon.
"Je vais mieux" est un film qui commence par un ''aie'', un cri de douleur qui prouve qu'on existe. Laurent part à l'assaut de ce qui lui fait mal, ce mal qui est en nous et qu'on peut combattre. Laurent ne renonce pas et peut enfin construire des passerelles, ces colonnes vertébrales de la communication qui sont signes de vie.
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