Frappe américaine d’une base aérienne en Syrie suite à l’attaque chimique attribuée au gouvernement de Bachar Al-Assad, envoi d’un porte-avions américain et sa flottille vers la Corée du Nord. Les démonstrations de force des Etats-Unis, ces derniers jours, ne manquent pas. Après une campagne présidentielle durant laquelle Donald Trump a défendu une position pour le moins isolationniste, le président américain semble finalement vouloir que les Etats Unis musclent leur jeu à l’étranger.
Pendant ce temps, le secrétaire d’Etat Rex Tillerson est à Moscou pour rencontrer son homologue russe dans un climat de tension entre les deux Etats. "Cela va être une rencontre très difficile. La tension est montée ces derniers jours. Les Américains cherchent maintenant la responsabilité des Russes en estimant qu’il était très difficile de ne pas voir qu’une attaque se préparait lorsque les soldats russes étaient sur les mêmes bases que les soldats syriens. De l’autre côté, les Russes expliquent que les Américains ont bafoué le droit d’un Etat souverain, et que c’est insupportable" explique Jean-Eric Branaa, spécialiste des Etats-Unis, maître de conférences à l’université de Paris II Assas.
Cette frappe américaine en Syrie, qui fait suite au bombardement chimique imputé à l’heure actuelle au gouvernement de Bachar el-Assad, modifie considérablement les rapports entre les Etats-Unis et la Russie. "Elle provoque un refroidissement certain. Rex Tillerson n’est pas le bienvenu en Russie. Il va rencontrer son homologue. Mais l’on sait qu’il n’y a aucune visite prévue à l’agenda de Poutine. Et pourtant, c’est bien avec Poutine qu’il faudrait traiter. Tout est dans ses mains. On peut se dire que la rencontre avec Lavrov fait partie du concert diplomatique, mais tant que Trump et Poutine ne se parleront pas directement, il n’y aura pas grand-chose à attendre" précise Jean-Eric Branaa.
Donald Trump en difficulté aux Etats-Unis
L’attitude de Donald Trump avec la Syrie et la Corée du Nord diffère de sa position isolationniste défendue durant sa campagne. Pour Jean-Eric Branaa, il faut y voir la main du parti républicain. "Vu de France, si on n’a pas suivi les derniers événements, on peut se demander ce qui se passe. En réalité, Donald Trump est en grande difficulté dans son propre pays depuis deux mois. Tout le monde a perçu qu’il avait des problèmes pour faire accepter ses décrets présidentiels, puis des difficultés pour faire passer sa première loi qui a finalement été refusée au Congrès par les Républicains qui sont divisés" analyse-t-il.
Si Donald Trump n’éclaire pas les esprits sur sa stratégie, ce manque de communication pourrait se retourner contre lui. "Derrière cela, il n’y a pas d’annonce de plan particulier, pas plus en Syrie qu’en Corée du Nord. On se dit que pour l’instant, Donald Trump navigue à vue. C’est un véritable problèm car on sait bien que même si le Congrès américain s’est lié derrière son président ces derniers jours, cela ne va pas durer longtemps" lance ce spécialiste des Etats-Unis.
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