Aujourd’hui en France, les enfants ne vont pas trop mal. C’est du moins l’avis du magistrat Jean-Pierre Rosenczveig. "Cela pourrait être pire. Mais derrière le mauvais humour, il y a la question du droit à l’enfant, et du droit des enfants. Les Français ne s’y intéressent pas. Dans notre culture, on a des enfants. On n’est pas parent. On est propriétaire d’enfants. Un enfant c’est un sujet, un objet de plaisir. On fait pour le mieux. Et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes" explique Jean-Pierre Rosenczveig, magistrat, figure de la défense des droits de l’enfant, ancien président du tribunal pour enfants de Bobigny.
La situation des enfants s’est améliorée au fil des ans, rappelle-t-il. Le développement économique, le statut accordé aux femmes, "mais on a une marge de progression". Il ajoute que "l’on n’est pas à la hauteur des engagements que l’on a pris", prenant pour exemple la question des châtiments corporels. "On a les moyens de se poser ce type de questions" lance-t-il.
La semaine dernière, l’Assemblée nationale a adopté le texte sur les violences sexuelles et sexistes. "115 députés ont adopté le texte. Les autres étaient à la buvette. Il fait polémique car au lendemain des affaires de Pontoise et de Meaux, on avait laissé à penser que ces gamines pouvaient être consentantes. Tout le monde s’était ému. Il ne fallait pas aller sur le terrain du viol, mais sur le débat sur une infraction simple, nouvelle consistant à dire que tout adulte qui a une relation sexuelle avec un enfant de moins de 15 ans commet un crime" explique le magistrat.
Gérard Collomb, le ministre de l’Intérieur, a annoncé que le démantèlement des camps de migrants parisiens était imminent. Dans ces camps, on le sait, il y a des enfants, mineurs, isolés ou avec leurs familles. "La France fait beaucoup de choses, mais pas ce qu’elle devrait faire. L’exemple typique, c’est la Jungle de Calais. La question que je me pose, c’est après avoir démantelé les camps, que va-t-on faire des personnes ? La question n’est donc pas de démanteler les camps, mais quelle réponse on apporte aux adultes et aux mineurs qui sont dans ces camps" lance-t-il.
Autres sujets qui suscitent de vives réactions sur le sujet des enfants, c’est la GPA et la PMA. Les opposants dénoncent un désir des adultes qui prendrait le pas sur le droit de l’enfant. "J’entends cet argument. C’est le mien depuis quarante ans. La société ne peut pas garantir un droit à l’enfant. Elle peut garantir un droit de l’enfant. La GPA pose des problèmes : la femme n’est qu’un ventre, la fabrication d’un enfant pour satisfaire un besoin. Si on refuse la GPA pour les hommes et qu’on accorde la PMA pour les femmes, on rentre dans la discrimination. On ouvre la boîte de Pandore de la fabrication d’enfants" conclut le magistrat.
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