Jérusalem, ville reconnue comme capitale d’Israël. C’est ce que Donald Trump a annoncé mercredi 6 décembre dernier depuis Washington. Une décisions qui a provoqué de vives secousses sur le plan international. De nombreux chefs d'Etat et de gouvernement ont condamné les propos du président américaine, à commencer par le président français, Emmanuel Macron.
Cette déclaration a également poussé le Vatican à réagir. Le pape François a ainsi rappelé au respect du statu quo de Jérusalem et à faire preuve de sagesse et prudence. Il n'empêche que cette déclaration est passée outre les nombreuses mises en garde de la communauté internationale et des dirigeants de la région.
Pour Bichara Khader, professeur émériste à l’université catholique de Louvain, spéciliste reconnu du monde arabe contemporain et des questions euro-arabes et euro-méditerranéennes, le pape François a toutes les raisons de s'inquiéter. "Il ne fait que traduire par un langage sobre et vigoureux l’inquiétude de la communauté internationale face à la mesure unilatérale américaine qui met à mal à la fois la fréquentation des lieux saints et le statu quo de ces lieux" explique-t-il notamment.
Tous redoutent une flambée de violence. En effet, toute reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël est un casus belli pour les dirigeants palestiniens. Ils estiment que Jérusalem-Est annexée par Israël en 1967 doit être la capitale de l’Etat auquel ils aspirent. Dans la foulée de sa déclaration, Donald Trump a ordonné de commencer les préparatifs pour déménager l’ambassade américaine de Tel Aviv vers la ville sainte.
La provocation de trop pour les Palestiniens, qui ont annoncé qu'ils ne quitteraient jamais Jérusalem, quitte à se battre une nouvelle fois. Et c'est donc sans grande surprise que le Hamas a appelé jeudi à une nouvelle intifada, faisant plâner de nouveau l'ombre d'une guerre ouverte dans cette région.
Pour Bichara Khader, la situation est explosive. "Erdogan a parlé de ligne rouge en ce qui concerne la question de Jérusalem. Jérusalem est une question très sensible, ce n’est pas seulement un lieu géographique, c’est un symbole. Toucher au statut de Jérusalem, c’est ouvrir la boîte de Pandore. En 2000, lorsque Sharon s’était rendu de manière provocante sur l’esplanade des mosquées, cela avait déclenché une intifada. On ne peut pas savoir ce qui pourrait advenir, mais il y a une grande rage qui couve dans les pays arabes" ajoute ce spécialiste du monde arabe.
"Violation du droit international", "regrettable", "injustifiée" et "irresponsable". L’Occident a donc vivement condamné les déclarations de Donald Trump alors que le monde arabe s’insurge. Le président palestinien Mahmoud Abbas a quant à lui déclaré "que ce soit l’enfer ou l’intifada, nous mourrons pour Jérusalem". Seul le Premier ministre Israélien, Benyamin Natanyaou a salué cette décision en qualifiant la journée d’historique.
De son côté, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a annoncé mercredi qu'il invitait les leaders du monde musulman à Istanbul le 13 décembre. Il a ajouté que les responsables politiques doivent œuvrer pour la réconciliation et non pour le chaos. Huit pays ont demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l'ONU qui se tiendra vendredi 8 décembre en fin de matinée à New York.
Pour Stéphanie Latte Abdallah, la déclaration de Donald Trump n'a aucune valeur juridique au niveau du droit international. Basée à Jérusalem, cette historienne et chercheure au CNRS explique que "Donald Trump a mis le feu aux poudres avec une déclaration guidée par des considérations politiques. En même temps, il faut bien rappeler que quelles que soient ses déclarations, elles n’ont aucune valeur juridique sur le plan international".
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