Et il y a 10 jours, celle de la trisomie 21. A cette occasion, on porte des chaussettes dépareillées pour afficher son soutien à la différence. Greta Thunberg, cette jeune suédoise, elle-même autiste, à l’origine du grand mouvement de jeunes mobilisés à travers le monde pour le climat, a posté une photo d’elle avec les chaussettes dépareillées.
Il y a là une grande cohérence : défendre les faibles, défendre la différence, c’est sûrement une clé pour la protection du climat. C’est bien notre volonté de toute puissance, notre course à celui qui consomme le plus, à celui qui a la plus grosse tour, qui nous mène à la catastrophe climatique. Arrêtons d’éduquer à être fort. Nous devons éduquer à apprécier nos fragilités, à les accepter. Nous devons éduquer à être faible.
Dimanche dernier, M6 a diffusé un long reportage sur plusieurs jeunes touchés par l’autisme ou la trisomie. Au-delà de notre habitude à vouloir absolument que les personnes porteuses de handicaps rentrent dans le moule et se conforment au mode de vie des valides, ce reportage était plein de beauté et d’enseignements. J’ai évidemment été particulièrement touché par la petite Sarah, trisomique, et qui transmet sa joie et sa spontanéité aux jeannettes et louveteaux de son groupe scout.
Ce que je retiens, de façon générale, c’est que ces handicaps, plus ou moins visibles, amènent les valides à porter un regard attentif sur les autres, à prendre le temps, à ne pas juger. Et peut-être alors pourrons-nous prendre conscience que nous avons tous des handicaps, plus ou moins prononcés, plus ou moins visibles, que nous avons tous des faiblesses. Les personnes fragiles apportent une lumière et un regard totalement indispensable. Nous devons prendre de soin les uns des autres, en particulier des plus fragiles mais aussi de ceux qui font étalage de puissance.
On peut dire ça. Regardez Greta Thunberg, regardez le mouvement qu’elle a lancé. C’est sans doute celui qui enfin, balayera notre société matérialiste prisonnière de la consommation. En tout cas, la fragilité est une richesse. J’ai reçu hier un message d’un responsable de groupe des SUF, des scouts unitaires de France, m’annonçant qu’une guide aînée du groupe avait rejoint le Père après avoir reçu le sacrement des malades. Il me disait que sa maladie n’avait nullement été un frein au partage, à l’enrichissement mutuel, à l’humanité. Au contraire. Et il nous invite à garder une place pour Caroline ce vendredi dans nos prières.
Je crois profondément que ces fragilités mises ensemble nous portent tous collectivement. Je repensais, en écrivant, à cette chanson de Malvina Reynolds : « God bless the grass », « Que Dieu bénisse l’herbe », cette herbe qu’on veut recouvrir de béton, mais qui finit toujours opiniâtrement, par pousser à travers les fissures et à reprendre le dessus. Il est courant de dire qu’on évalue une société à sa capacité à prendre soin des plus faibles et des malades. Ce n’est pas par simple gentillesse mais parce que cela nous élève tous.
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