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Journée mondiale de lutte contre le sida : le discours ambivalent de l'Eglise catholique

Un article rédigé par L.D. - RCF, le 1 décembre 2023 - Modifié le 1 décembre 2023

Ce 1er décembre marque la Journée mondiale de lutte contre le SIDA. Si la lutte contre le VIH a connu quelques avancées ces dernières années, notamment en termes de dépistage, la position de l’Eglise, elle, reste ambivalente. Entre soutien aux personnes séropositives et refus de promouvoir l’usage du préservatif. 
 

Le pape François (le 15/12/2021) et Benoît XVI (le 20/01/2006) ©Vatican Media / Wikimédia commonsLe pape François (le 15/12/2021) et Benoît XVI (le 20/01/2006) ©Vatican Media / Wikimédia commons

« La réponse des communautés religieuses face au VIH/sida a initialement été le doute, ensuite le déni, puis l'hésitation au nom de la morale - voir même la dénonciation directe - pour finalement s'inscrire dans le cadre d'une réponse de portée mondiale », voilà comment l’on pourrait résumer l’évolution de la position de l’Eglise face au sida. Cette synthèse, c’est Alistar MacDonald-Radclif, prêtre anglican, qui l'a fait dans une chronique publiée sur le site des Nations Unies

L’Eglise catholique partagée quant à l’usage du préservatif 

Si dès les années 90, des voix s’élèvent au sein de l’Eglise pour demander une tolérance vis-à-vis de l’usage des préservatifs dans la lutte contre le Sida, la position de celle-ci n’a que très peu évoluée. C’est parce qu’elle s’oppose au « contrôle artificiel des naissances », que l’Eglise est contre l’usage du préservatif, pourtant considéré comme le moyen le plus efficace pour se prémunir d’une infection sexuellement transmissible. Une position qui place l’Eglise sur une ligne de crête depuis plusieurs années. 

En 2009, le pape Benoît XVI avait d’ailleurs provoqué une polémique. En marge d’un déplacement en Afrique, il avait déclaré « on ne peut pas dépasser le fléau [du sida] avec la distribution de préservatifs. Au contraire, ils augmentent le problème ». L'année suivante, Joseph Ratzinger avait finalement fait marche arrière en autorisant l’utilisation du préservatif « dans certains cas ». « Quand l'intention est de réduire le risque de contamination, cela peut quand même être un premier pas pour ouvrir la voie à une sexualité plus humaine, vécue autrement », avait-il précisé dans sa biographie "Benoît XVI : une vie", écrit par le journaliste Peter Seewald.  

La position du Pape François sur le sujet est également ambigüe.  « Les rapports sexuels doivent être ouverts à la vie », estimait-il en 2015. L’année suivante, le souverain pontife lançait un appel « afin que tous adoptent des comportements responsables pour prévenir une propagation ultérieure » du Sida. Une prise de parole évasive dans laquelle il ne précisait pas si l’utilisation du préservatif faisait partie de ses recommandations ou non. 

L’Eglise, très investie auprès des personnes séropositives

Opposée à l’usage de toute sorte de contraceptifs, mais très investie auprès des malades du Sida, « la morale de l'Eglise se trouve face à une perplexité », reconnaissait lui-même le Pape François. Malgré tout, les deux derniers souverains pontifes ont toujours affirmé que l’Eglise avait un rôle à jouer dans la lutte contre le Sida. Le Pape Benoît XVI estimant notamment qu’elle le pouvait et le devait, de par sa capacité à « souffrir avec ceux qui souffrent ». En 2021, son successeur lançait de nouveau un appel sur Twitter, à l’occasion de la Journée mondiale contre le Sida : « Engageons-nous pour garantir des traitements sanitaires équitables et efficaces ».

S'engager auprès ceux qui souffrent, c’est justement ce que fait l’Eglise partout dans le monde et plus particulièrement en Afrique. « L’Eglise a un accès unique aux personnes vivant avec le VIH et le sida, aux niveaux mondial et local. Elle dispose d’un réseau mondial d’écoles, d’églises, d’orphelinats, d’établissements de soins palliatifs, d’organisations comme Caritas, ainsi que d’une armée de fidèles qui offrent leurs services », affirmait Caritas dans un plaidoyer publié en 2008.

Un investissement incontournable et indispensable selon Alistar MacDonald-Radclif, puisque « environ trois quarts de la population mondiale déclarant faire partie d'une communauté religieuse, il n'est pas surprenant que les églises soient engagées dans la lutte contre le VIH/sida », affirme-t-il dans sa chronique onusienne. Le prêtre anglican reconnaît tout de même aux instances religieuses que, « en plus de jouer un rôle essentiel dans la fourniture de soins aux personnes vivant avec le VIH/sida, les églises s'impliquent également dans la prévention et l'éducation et fournissent des conseils ».

Des conseils qui se basent sur une conviction propre à l'Eglise, selon laquelle il existe d’autres moyens de lutter contre ce virus. Parmi les stratégies de prévention qu'elle préconise, on peut citer notamment la fidélité dans le mariage, l’abstinence sexuelle en dehors du mariage, et des changements pour une attitude responsable à long terme. Benoît XVI résumait cette doctrine en affirmant que la lutte contre le VIH devait passer par « une humanisation de la sexualité » et « une vraie attention à l’égard des personnes qui souffrent »

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