Chaque année, c’est la même chanson ! De grandes voix moralisatrices s’élèvent pour dénoncer la dérive commerciale des fêtes de fin d’année, ce débordement d’achats qui tuerait la dimension spirituelle de Noël ! Depuis quelques années, ces chantres d’un Noël désincarné sont rejoints pas les tenants de l’écologie.
Noël devrait être sobre que l’on soit croyant ou pas. Ceux qui nous rabattaient les oreilles sur la dérive de nos sociétés matérialistes ont trouvé de nouveaux alliés : les tenants de la décroissance. Ça suffit les achats ! Ça suffit les dépenses ! La sobriété ! Voici donc le maître-mot de ces fêtes selon les tenants de cette nouvelle bienséance.
Il faut être bien rabat-joie pour se plaindre de ce désir de faire plaisir qui anime les uns et les autres, de ce désir qui fait que l’on met les petits plats dans les grands, de ces attentions pour que la table soit belle, de ces familles qui se retrouvent, même si cela s’accompagne de dépenses. Nous passons notre temps à pleurer sur notre société individualiste, à condamner l’égoïsme qui habite nos contemporains. Et à l’heure où les fêtes de Noël sont encore une occasion de donner et de se retrouver, nous avons à redire !
Nous devrions être les messagers joyeux de cette espérance qui nous a été confiée.
Que nos contemporains ne croient plus que Noël est signe de l’amour immense d’un Père qui s’incarne en tout petit enfant, ne devrait pas nous rendre aigris mais bien au contraire, cela devrait être une invitation à aimer suffisamment ces contemporains qui sont dans l’ignorance. Nous devrions être les messagers joyeux de cette espérance qui nous a été confiée. Il ne faut pas connaître grand-chose à la joie pour ne pas se réjouir d’entendre dans un magasin, quelqu’un dire au téléphone : « Et si je lui prends cela, crois-tu que cela lui fera plaisir ? ». N’est-il pas réjouissant de voir tout ce monde en quête du cadeau idéal ?
Qui sont-ils ces tenants de ce Noël modeste pour faire la morale ? Certainement pas ceux à qui la modestie est imposée. Il faut être bien arrogant pour proclamer au monde que consommer n’est spirituellement ou écologiquement, enfin toujours moralement, pas acceptable. Ils ne sont pas de ceux qui font des heures supplémentaires pour acheter des cadeaux à leurs enfants, de ceux qui demandent une avance à leur patron pour offrir une table de réveillon digne de ce nom à leur famille.
Ils ne sont pas de ceux qui s’organisent des mois à l’avance pour répartir la dépense. Ils sont peut-être prompts à juger ceux qui prennent un crédit à la consommation pour acheter le dernier écran plat mais il est presque certain que si leurs cadeaux sont beaux, écolos, durables, ont du sens, ils n’ont pas grevé profondément leurs finances … Il y en a assez de ces donneurs de leçons !
Bien sûr que l’on peut regretter une certaine sécheresse spirituelle comme une surenchère qui peut conduire au gaspillage mais il est temps de se réjouir de ce qui persiste. Aujourd’hui, encore, Noël dégage cette magie qui donne envie d’offrir et de recevoir, de se retrouver. Ne boudons pas notre plaisir… À ces tenants d’un Noël sobre, opposons un Noël de joie, qui n’exclut pas que cette frénésie joyeuse, laisse un espace à ceux qui souffrent. Mais cela relève non pas de la morale mais bien de l’amour…
Je recommande aux auditeurs de se plonger dans les méditations du pape François sur la crèche qui ont été publiées aux éditions de l’Emmanuel sous le titre Ma crèche et dans le recueil, La Crèche et la Croix d’Édith Stein aux éditions Ad Solem. Ces deux ouvrages sont de très belles invitations à renoncer à la posture pour renouer avec l’émerveillement et la tendresse !
Joyeux Noël à tous les auditeurs !
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