Joe Biden a annoncé son retrait de la course présidentielle dimanche dernier. Sa vice-présidente Kamala Harris peut-elle devenir la première présidente des États-Unis ? À 59 ans, elle semble se positionner comme la candidate incontournable pour les démocrates. Mais alors que les élections approchent à grands pas, quel est le véritable potentiel de Kamala Harris face à un Donald Trump galvanisé par ses partisans ? Interrogé par Laurette Duranel, Jean-Eric Branaa, spécialiste de la politique américaine et auteur de Kamala Harris : L'Amérique du futur (éditions du Nouveau Monde), analyse les enjeux cruciaux de cette campagne présidentielle.
" Kamala Harris est en réalité la seule option viable à ce stade", explique Jean-Eric Branaa. Le timing est crucial : avec une campagne présidentielle déjà bien entamée, il est presque impossible pour un nouveau candidat de se faire connaître à l’échelle nationale. Harris, en tant que vice-présidente sortante, bénéficie d’une notoriété établie et d’une expérience considérable en politique intérieure et internationale, analyse le spécialiste.
" On l'a beaucoup vue dans les dossiers internationaux ces derniers temps, que ce soit pour Israël, l'Ukraine, l'Amérique du sud ou même l'Afrique " , précise-t-il. Puis, "le fait qu'elle soit déjà dans la campagne avec Biden fait qu'elle a le droit de récupérer l'argent de celle-ci et aucun autre candidat n'aurait cette possibilité si jamais ce n'était pas elle", poursuit Jean-Eric Branaa.
Kamala Harris a été active dans des domaines cruciaux tels que les droits des femmes, le climat, la sécurité et la régulation des armes. Mais, en tant que vice-présidente, ses initiatives ont souvent été éclipsées par l'attention médiatique centrée sur Joe Biden.
" Aujourd'hui, on devrait entendre à nouveau Kamala Harris, au premier plan cette fois-ci, sur des thèmes beaucoup plus structurants pour les Américains, auxquels elle va rajouter la sécurité sociale qui est une vraie demande pour le camp démocrate comme pour le camp républicain" , observe Jean-Eric Branaa.
Le processus de sélection du candidat démocrate est encore en cours, avec une convention nationale prévue pour mercredi. "La nomination officielle de Kamala Harris n’est pas encore actée, mais le consensus autour de sa candidature semble se dessiner", note Jean-Eric Branaa. Avec près de 500 délégués déjà engagés en sa faveur, il est probable que la vice-présidente soit désignée par acclamation, ce qui simplifierait le processus par rapport aux primaires traditionnelles.
Avec seulement quatre mois avant les élections, Kamala Harris doit mener une campagne efficace. "C’est un défi, mais pas une impossibilité", affirme Jean-Eric Branaa. Historiquement, avant 1968, les conventions décidaient des candidats qui faisaient ensuite campagne dans des délais souvent plus courts. " Il n'y a rien d'impossible, d'autant que son programme est largement connu. Elle le travaille depuis plusieurs mois " , note-t-il.
La campagne de Harris sera cruciale pour déterminer si elle peut bousculer l'électorat et se positionner en leader face à Donald Trump. "Il faut qu'elle trouve une histoire à raconter au pays pour pouvoir bousculer le colosse qui est en face d'elle. On parle beaucoup de Kamala Harris aujourd'hui, mais n'oublions pas que Donald Trump vient de réussir sa convention de façon extraordinaire, il a obtenu 99% des votes des délégués" , souligne-t-il.
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